Hypnothérapie
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Paris

Hypnose Ericksonienne, Médicale et Thérapeutique. Thérapies Brèves, EMDR. Formations en Hypnose, Formation en EMDR, Thérapeute des Instituts Milton Erickson à Paris, Marseille, Bordeaux, Nancy

La présence. Dr Adrian CHABOCHE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.




La présence. Dr Adrian CHABOCHE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
« Si la mécanique quantique ne vous a pas encore profondément choqué, alors vous ne l’avez pas encore comprise. Tout ce que nous appelons réel est fait de choses qui ne peuvent pas être considérées comme étant réelles. Si une idée ne semble pas bizarre, il n’y a rien à espérer d’elle. » Niels Bohr, prix Nobel de physique 1922

Chères lectrices, chers lecteurs, Je vais vous parler d’une expérience hypnotique avec une patiente qui fait partie de celles qu’on aimerait raconter, ou plutôt même conter, à côté d’une cheminée dans une ambiance feutrée, en présence de personnes tout à la fois très rationnelles mais prêtes à être surprises des effets étonnants que peut avoir l’hypnose. Celle qui nous sur- prend toujours davantage, surtout lorsque nous laissons apparaître dans l’entrebâille- ment de nos techniques et expériences qui se cumulent toujours de trop, l’ineffable surprise d’un instantané qui rend compte à quel point l’hypnose se doit d’être régénérée... parfois autant pour le praticien que le patient ! Là ou nos patients nous bousculent, le praticien progresse... Car comme vous l’avez éprouvé, comme tous, et comme le disait avec humour Milton Erickson, lorsque nous tentons de copier, de faire comme certaines techniques qu’utilisent les autres, c’est souvent... un désastre !

Mais vous savez aussi tout autant que moi à quel point notre savoir, celui qui englobe tout à la fois toute notre technique, celle que nous avons apprise, celle que nous avons acquise au cours de notre expérience, et puis aussi ne jamais négliger cet autre Savoir, qui est le savoir-être, cette capacité que nous avons d’accueillir l’autre avec un grand A. Tout ce savoir finalement est un ensemble dynamique, vivant, qui respire tel un inspire et un expire, nous passons notre temps à nous inspirer des autres, certes, et aussi à expirer. Ce que nous oublions trop souvent lorsque nous sommes jeunes (ndlr, donc jusque environ 80 ans) : il nous faut régulièrement nous rappeler de devoir... oublier ! Oui, se rappeler d’oublier, pour évacuer, lâcher nos connais- sances trop doctes, trop certaines, souvent rassurantes, mais qui à un moment ne respirent plus.

L’inventivité et la spontanéité de l’hypnose viennent lorsque le vide s’installe. Lorsque de nos musiques intérieures avec ces phrases pleines de jolies suggestions que nous apprenons à répéter jusqu’à atteindre la sonorité la plus juste, le silence puisse s’installer entre deux notes de musique pour que l’oreille puisse alors entendre de nouveau. Ce que nous savons de trop, nous l’exécutons par mécanique : nos neurones sont si bien connectés que cela devient un réflexe. Les réflexes sont ce qui nous permet de gagner du temps, de l’énergie aussi, mais les réflexes ont plus à voir avec la survie qu’avec l’inventivité... Alors, parfois, ne vous sentez pas seul dans votre fauteuil de travail, confortable, bien installé, parfois même un peu tassé, engourdi, engoncé dans nos connaissances, à tourner le dos à cette petite crainte qui survient à la pointe de l’épigastre, en bas du sternum. Celle qui fait un peu peur, qui est inconfortable, qui nous indique qu’à ce moment nous ne savons plus trop quoi faire avec ce patient assis(e) en face de nous. Vous l’avez déjà vécu, n’ayez pas loin à chercher dans votre mémoire. Mais si cela vous semble lointain, alors je vous encourage vraiment à vous rappeler d’oublier, expirer vos connaissances, et revenez au point de départ : celui où on ne sait pas.

Nous en parlons que trop rarement ! Ce moment de « manque d’inspiration », où « ça n’accroche pas », comme on dit, ou plein d’idées nous viennent mais pas les bonnes. On sent que la note n’est pas juste, que la musique que nous pourrions jouer d’un réflexe serait celle justement qui ne serait plus spontanée ni nouvelle, mais déjà utilisée, déjà usitée, et beaucoup périmée finalement. Reconnaissez-vous et acceptez, car cela nous fait un lit commun. Ces moments ne sont pas des plus agréables et, nécessairement, nous cherchons par toute bonne stratégie d’adap- tation à les éviter. Evidemment, nous ne nous pouvons pas non plus passer notre temps et nos journées à nous réinventer. De nos lignes droites mentales, faites de certitudes, il faut aussi savoir provoquer des carrefours interrogateurs afin de nous rencontrer à nouveau.

Alors il y a Madeleine, assise devant moi. Ce n’est pas toujours habituel de recevoir des personnes qui vont vers le double de notre propre âge. Et puis Madeleine, elle est si surprenante dans son accoutrement fait de couleurs vives et d’un nœud enfantin dans les cheveux, d’un maquillage un peu trop ostensible, sa façon de me dire à quel point les psychologues n’ont vraiment rien compris à la question de l’inconscient, elle surprend, fascine, et agace tout en même temps. Peut-être est-ce par ce tout que je ne sais pas trop quoi faire. Pourtant Madeleine, elle a tous ces symptômes qui devraient me faire réagir, m’inspirer, me guider vers telle ou telle tech- nique : elle me décrit ses troubles du com- portement alimentaire, aussi anciens que son sentiment de tourner en rond avec depuis des dizaines d’années, elle me laisse apercevoir, dans l’entrebâillement subtil de sa narration et de ses curieuses provocations, tantôt des troubles de l’alcool, ici des vomissements forcés, là quelques autres traumatismes, peut-être des agressions sexuelles...

Pourtant, rien n’y fait. Je n’accroche pas, je ne sais pas. Je le sais, et le mets bien dans ma conscience, tout au devant...





Dr Adrian CHABOCHE

Spécialiste en médecine générale et globale au Centre Vitruve. Il est praticien attaché au Centre de traitement de la douleur CHU Ambroise-Paré. Il enseigne au sein du DU Hypnoanalgésie et utilisation de techniques non pharmacologiques dans le traitement de la douleur, Université de Versailles.

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N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv.  2025

Les interactions pour favoriser un changement

Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :

Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.

. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.

. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.

L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.

. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.

Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.

Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.

Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.

A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.

. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.

Les rubriques :
Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal



Rédigé le 23/04/2025 à 14:04 | Lu 25 fois | 0 commentaire(s) modifié le 24/04/2025





Laurent GROSS
- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies... En savoir plus sur cet auteur

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