FRÉDÉRIC CHAMBRE Addictologue et hypnothérapeute. Responsable de l’ELSA du Centre hospitalier d’Autun et de l’unité d’Addictologie du Centre hospitalier de Montceau-les-Mines. Formateur au sein de l’AFEHM.
DANIEL DERRIEN Infirmier addictologue au CAARUD de Saint-Brieuc (ANPAA). A exercé comme infirmier addictologue en France (en CSAPA et CAARUD) et au Québec, et comme chef de service médico-social en CSAPA et CAARUD.
« Notre civilisation pense spontanément la liberté comme une pure indépendance. Est libre celui qui se soustrait à l’influence. C’est le contraire qui me semble vrai. Est libre celui qui est capable de subir toutes les influences et d’en tirer l’art de se diriger en fonction de leur complexité… Ce n’est pas par l’isolement ou la suffisance que l’on peut accéder à la liberté, mais en laissant venir sur soi tous les courants porteurs d’énergie, en les assimilant et en les transformant en action. » (1)
« Cet usage des drogues est un artifice qui existe depuis des temps immémoriaux […] Nous nous imaginons qu’elles nous permettent d’échapper à nous-mêmes, mais elles sont conditionnées par ce que nous sommes. Si nous avons un esprit mesquin, jaloux, inquiet, nous pouvons prendre la drogue la plus récemment inventée, nous ne verrons que nos propres créations à notre mesure, nos projections émanant de notre arrière-plan conditionné. » (2)
« Non, Docteur, je ne suis pas dépendant car je ne bois pas tous les jours et je ne suis pas toxicomane car je ne consomme jamais de drogue dure ! » J’entends ces réponses couramment lorsque j’évalue le risque de manque de substances addictives (3) à l’entrée en maison d’arrêt. Mais entendons-nous tous la même chose lorsque nous parlons de dépendance et de drogues dures ?
Lorsque la dépendance s’est installée, nous nous adressons alors à des patients qui justifient une prise en charge parfois rapide pour éviter des syndromes de manque physiquement dangereux.
L’arrêt brutal de consommation d’alcool peut favoriser à court terme un décès par coma avec troubles respiratoires, des crises d’épilepsie aux séquelles irréversibles, ainsi qu’une dégradation neuropsychiatrique (maladie de Gayet-Wernicke).
Mais finalement, exceptées ces urgences neurologiques, les patients souffrent tous des mêmes symptômes cliniques du manque :
- installation ou recrudescence de douleurs musculaires, abdominales, cérébrales, articulaires ;
- insomnie, tremblements, attaques de panique, anxiété, etc.
L’ensemble de ces plaintes, liées à la disparition des effets sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques des différentes molécules utilisées, varie en fonction de la sensibilité de chacun, et de l’état général.
Alors, devons-nous aborder les patients en stigmatisant la prise en charge addictive, et en considérant certaines addictions comme plus difficiles à prendre en charge, allant jusqu’à parler de traitements de l’extrême ? L’autre alternative consiste à aider les patients à s’orienter vers des chemins moins dangereux afin qu’ils puissent recouvrir à leur rythme une autonomie de penser et de vivre, sans produit.
En milieu carcéral
Face à la souffrance des patients confrontés au manque brutal inhérent à l’arrestation et l’incarcération, l’hypnose s’inscrit comme une approche facilement accessible venant enrichir notre prise en charge médicale habituelle.
En freinant la pensée, elle facilite une dissociation sensitivoémotionnelle. Elle diminue ainsi l’envie en rendant l’abstinence physique ment puis psychiquement supportable. En atténuant le degré de frustration à ne pas disposer immédiatement de « produits », l’hypnose libère le fonctionnement imaginaire du patient lui permettant ainsi de puiser dans ses ressources personnelles. L’apaisement de la souffrance libère peu à peu la pensée du patient, en dehors du jugement.
L’hypnose offre un espace de liberté qui peut être partagé par le patient et le soignant, sans rechercher d’objectif particulier.
J’ai invité Frédéric Chambre, praticien hospitalier et intervenant en centre d’addictologie pour des soins ambulatoires, et Daniel Derrien, infirmier en CARUD, Centre d’aide pour la réduction de risques chez les usagers de drogues, à se joindre à moi pour observer, par une réflexion collective, trois niveaux d’interventions auprès de patients dépendants des opiacés.
Nous recevons les mêmes patients à des étapes différentes de leur parcours, mais leur demande diffère-t-elle réellement ?
J’ai souhaité que Daniel Derrien puisse témoigner d’une expérience sans recours à l’hypnose pour proposer une vision plus complète du quotidien des soignants face aux patients confrontés au manque d’opiacés (*).
Cas clinique
Monsieur X. me consulte avec le souhait d’arrêter sa substitution à l’héroïne. Aujourd’hui il se dit épuisé par sa dépendance au traitement. Il fut en effet un consommateur d’héroïne à fortes doses durant plusieurs années. Des raisons familiales et financières le conduisirent un jour à avoir recours à la substitution, avec la prescription de chlorhydrate de méthadone. Mais, des années plus tard, il me demande explicitement de l’accompagner par l’hypnose dans son sevrage pour quitter cette ultime dépendance.
Après avoir abordé les risques de reprise de substances à la sortie de prison et d’overdose (4), je propose un premier exercice hypnotique au patient sans autre discours. Tout simplement !
« Prenez la main… (droite) et tendez-la devant vous... Comme moi… Les doigts étendus et la paume de la main vers le haut... » Je suis placé face au patient et je tends ma main gauche, avec une inversion de côté comme pour notre image dans le miroir.
« Je vous propose de ne plus bouger les doigts. » Le patient constate immédiatement quelques mouvements de latéralité de certains doigts qui échappent à son contrôle... La confusion s’installe alors naturellement et rapidement. «
Vous pouvez laisser vos doigts bouger de façon spontanée bien sûr, mais sans mouvement volontaire. Que ressentez-vous au niveau de votre main, de vos doigts, de votre bras, de votre avant-bras ? Comment vous sentez-vous ? A quoi pensez-vous ? » Le patient regarde ses doigts de façon étrange et me dit ne penser qu’à sa main en faisant ce que je lui demande.
« Pouvez-vous imaginer que vous cherchez à replier vos doigts dans votre main ? Ne devant pas les bouger dans la réalité, vous constatez dans votre imaginaire que vous ne pouvez pas le faire. » Les doigts du patient se tendent et sa main se creuse. Son visage devient non expressif et son regard ne quitte plus sa main.
« Pensez-vous que vous pourrez réellement plier tous les doigts ensemble lorsque je vous demanderai de le faire, de façon très lente et harmonieuse, sans à-coups et sans soubresauts ? » Le patient essaie spontanément de replier ses doigts et remarque de réelles difficultés.
« Je vois que vous n’y arrivez pas ? A quoi pensez-vous maintenant ? Le patient répond « à rien »... Avez-vous envie de consommer quelque chose ? »... le patient me répond « non ». « Pouvez-vous penser à un endroit que vous aimez beaucoup ? S’agit-il d’une plage, d’un chemin ?... » Le patient évoque une plage. « Imaginez que vous vous y trouvez. Vous tenez dans votre main un ballon de fête. Le voyez-vous ? »... le patient répond « oui ».
« De quelle couleur est-il ? » Il répond « bleu ».
« Vous allez écrire ou peindre dessus quelque chose qui vous fait très plaisir, sans me le dire…»
Le patient me dit l’avoir fait.
« Vous pouvez laisser le ballon s’envoler et votre main se relâche. »
Le patient sourit et me dit être apaisé. Nous avons refait une séance deux jours plus tard : le patient a commencé à diminuer la posologie de méthadone.
Quelques explications…
Après avoir installé de la confusion, l’induction hypnotique a permis de dissocier le patient de son corps, en utilisant l’enraidissement de sa main. Il est alors parti sur une plage et a pu voir s’envoler un ballon lui permettant d’alléger sa pensée. D’ailleurs, Jean-Marc Benhaiem nous interpelle par cette question : « Et si la vie ressemblait à ce long couloir où il n’est possible de progresser qu’en se délestant de ce qui a été accumulé ? » (5)
Dès lors le patient peut utiliser ces gestes simples en les adaptant discrètement dans sa cellule devant ses codétenus, en posant sa main sur sa couchette ou sur sa jambe par exemple, pour contourner ses pulsions à consommer des opiacés ou des substituts.
Il est important de noter que j’ai proposé au patient dès le départ de l’expérience de « prendre la main », l’invitant ainsi à s’approprier la démarche d’autonomisation à l’écart des produits.
La notion de temps
La vie carcérale crée une distorsion du temps qui paraît soit interminable dans l’attente d’une décision judiciaire : libération, adaptation de peine… soit trop court lorsque le jugement est imminent : ramenant le patient face aux raisons de son arrestation avec un regain de culpabilité. Le manque de « substance », licite ou illicite, fait basculer le patient dans la spirale du temps qui lui reste, véritable compte à rebours qui ne semble pouvoir être interrompu que par la consommation.
L’hypnose s’interpose alors comme une échelle de secours à laquelle le patient peut s’accrocher pour se hisser vers le haut. Il peut alors accéder à l’étage du Présent, celui qui autorise la pensée à s’installer et à fonction ner librement en prenant tout son temps (!) loin de la pulsion mortifère à consommer des opiacés.
L’expérience de Daniel Derrien...
La situation présentée se déroule au CAARUD de Saint-Brieuc (géré par l’ANPAA) (6). Cet établissement médico-social accueille des usagers de drogues avec un minimum d’exigences (l’abstinence et la diminution des consommations n’étant pas sa mission première).
Tous types de produits psychoactifs sont concernés : héroïne, alcool, médicaments, etc. Les missions des CAARUD sont : l’accueil (collectif, individuel), l’information, le conseil personnalisé pour usagers de drogues, le soutien dans l’accès aux soins, aux droits, au logement et à l’insertion ou la réinsertion professionnelle, à la mise à disposition de matériel (7). Les usagers accueillis ne souhaitent pas nécessairement s’engager dans une démarche de soins (bien que certains soient suivis en CSAPA (8) ou en médecine de ville pour un traitement de substitution aux opiacés) tout en sachant que la politique de réduction des risques (démarche de santé publique pragmatique) peut conduire vers le soin.
Elle vise à encourager l’usager à adopter autant que possible des comportements moins nocifs notamment pour sa santé. Les CAARUD ne sont pas des lieux de consommation de produits.
Cas clinique
Emmanuel, 34 ans, vient d’obtenir...
DANIEL DERRIEN Infirmier addictologue au CAARUD de Saint-Brieuc (ANPAA). A exercé comme infirmier addictologue en France (en CSAPA et CAARUD) et au Québec, et comme chef de service médico-social en CSAPA et CAARUD.
« Notre civilisation pense spontanément la liberté comme une pure indépendance. Est libre celui qui se soustrait à l’influence. C’est le contraire qui me semble vrai. Est libre celui qui est capable de subir toutes les influences et d’en tirer l’art de se diriger en fonction de leur complexité… Ce n’est pas par l’isolement ou la suffisance que l’on peut accéder à la liberté, mais en laissant venir sur soi tous les courants porteurs d’énergie, en les assimilant et en les transformant en action. » (1)
« Cet usage des drogues est un artifice qui existe depuis des temps immémoriaux […] Nous nous imaginons qu’elles nous permettent d’échapper à nous-mêmes, mais elles sont conditionnées par ce que nous sommes. Si nous avons un esprit mesquin, jaloux, inquiet, nous pouvons prendre la drogue la plus récemment inventée, nous ne verrons que nos propres créations à notre mesure, nos projections émanant de notre arrière-plan conditionné. » (2)
« Non, Docteur, je ne suis pas dépendant car je ne bois pas tous les jours et je ne suis pas toxicomane car je ne consomme jamais de drogue dure ! » J’entends ces réponses couramment lorsque j’évalue le risque de manque de substances addictives (3) à l’entrée en maison d’arrêt. Mais entendons-nous tous la même chose lorsque nous parlons de dépendance et de drogues dures ?
Lorsque la dépendance s’est installée, nous nous adressons alors à des patients qui justifient une prise en charge parfois rapide pour éviter des syndromes de manque physiquement dangereux.
L’arrêt brutal de consommation d’alcool peut favoriser à court terme un décès par coma avec troubles respiratoires, des crises d’épilepsie aux séquelles irréversibles, ainsi qu’une dégradation neuropsychiatrique (maladie de Gayet-Wernicke).
Mais finalement, exceptées ces urgences neurologiques, les patients souffrent tous des mêmes symptômes cliniques du manque :
- installation ou recrudescence de douleurs musculaires, abdominales, cérébrales, articulaires ;
- insomnie, tremblements, attaques de panique, anxiété, etc.
L’ensemble de ces plaintes, liées à la disparition des effets sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques des différentes molécules utilisées, varie en fonction de la sensibilité de chacun, et de l’état général.
Alors, devons-nous aborder les patients en stigmatisant la prise en charge addictive, et en considérant certaines addictions comme plus difficiles à prendre en charge, allant jusqu’à parler de traitements de l’extrême ? L’autre alternative consiste à aider les patients à s’orienter vers des chemins moins dangereux afin qu’ils puissent recouvrir à leur rythme une autonomie de penser et de vivre, sans produit.
En milieu carcéral
Face à la souffrance des patients confrontés au manque brutal inhérent à l’arrestation et l’incarcération, l’hypnose s’inscrit comme une approche facilement accessible venant enrichir notre prise en charge médicale habituelle.
En freinant la pensée, elle facilite une dissociation sensitivoémotionnelle. Elle diminue ainsi l’envie en rendant l’abstinence physique ment puis psychiquement supportable. En atténuant le degré de frustration à ne pas disposer immédiatement de « produits », l’hypnose libère le fonctionnement imaginaire du patient lui permettant ainsi de puiser dans ses ressources personnelles. L’apaisement de la souffrance libère peu à peu la pensée du patient, en dehors du jugement.
L’hypnose offre un espace de liberté qui peut être partagé par le patient et le soignant, sans rechercher d’objectif particulier.
J’ai invité Frédéric Chambre, praticien hospitalier et intervenant en centre d’addictologie pour des soins ambulatoires, et Daniel Derrien, infirmier en CARUD, Centre d’aide pour la réduction de risques chez les usagers de drogues, à se joindre à moi pour observer, par une réflexion collective, trois niveaux d’interventions auprès de patients dépendants des opiacés.
Nous recevons les mêmes patients à des étapes différentes de leur parcours, mais leur demande diffère-t-elle réellement ?
J’ai souhaité que Daniel Derrien puisse témoigner d’une expérience sans recours à l’hypnose pour proposer une vision plus complète du quotidien des soignants face aux patients confrontés au manque d’opiacés (*).
Cas clinique
Monsieur X. me consulte avec le souhait d’arrêter sa substitution à l’héroïne. Aujourd’hui il se dit épuisé par sa dépendance au traitement. Il fut en effet un consommateur d’héroïne à fortes doses durant plusieurs années. Des raisons familiales et financières le conduisirent un jour à avoir recours à la substitution, avec la prescription de chlorhydrate de méthadone. Mais, des années plus tard, il me demande explicitement de l’accompagner par l’hypnose dans son sevrage pour quitter cette ultime dépendance.
Après avoir abordé les risques de reprise de substances à la sortie de prison et d’overdose (4), je propose un premier exercice hypnotique au patient sans autre discours. Tout simplement !
« Prenez la main… (droite) et tendez-la devant vous... Comme moi… Les doigts étendus et la paume de la main vers le haut... » Je suis placé face au patient et je tends ma main gauche, avec une inversion de côté comme pour notre image dans le miroir.
« Je vous propose de ne plus bouger les doigts. » Le patient constate immédiatement quelques mouvements de latéralité de certains doigts qui échappent à son contrôle... La confusion s’installe alors naturellement et rapidement. «
Vous pouvez laisser vos doigts bouger de façon spontanée bien sûr, mais sans mouvement volontaire. Que ressentez-vous au niveau de votre main, de vos doigts, de votre bras, de votre avant-bras ? Comment vous sentez-vous ? A quoi pensez-vous ? » Le patient regarde ses doigts de façon étrange et me dit ne penser qu’à sa main en faisant ce que je lui demande.
« Pouvez-vous imaginer que vous cherchez à replier vos doigts dans votre main ? Ne devant pas les bouger dans la réalité, vous constatez dans votre imaginaire que vous ne pouvez pas le faire. » Les doigts du patient se tendent et sa main se creuse. Son visage devient non expressif et son regard ne quitte plus sa main.
« Pensez-vous que vous pourrez réellement plier tous les doigts ensemble lorsque je vous demanderai de le faire, de façon très lente et harmonieuse, sans à-coups et sans soubresauts ? » Le patient essaie spontanément de replier ses doigts et remarque de réelles difficultés.
« Je vois que vous n’y arrivez pas ? A quoi pensez-vous maintenant ? Le patient répond « à rien »... Avez-vous envie de consommer quelque chose ? »... le patient me répond « non ». « Pouvez-vous penser à un endroit que vous aimez beaucoup ? S’agit-il d’une plage, d’un chemin ?... » Le patient évoque une plage. « Imaginez que vous vous y trouvez. Vous tenez dans votre main un ballon de fête. Le voyez-vous ? »... le patient répond « oui ».
« De quelle couleur est-il ? » Il répond « bleu ».
« Vous allez écrire ou peindre dessus quelque chose qui vous fait très plaisir, sans me le dire…»
Le patient me dit l’avoir fait.
« Vous pouvez laisser le ballon s’envoler et votre main se relâche. »
Le patient sourit et me dit être apaisé. Nous avons refait une séance deux jours plus tard : le patient a commencé à diminuer la posologie de méthadone.
Quelques explications…
Après avoir installé de la confusion, l’induction hypnotique a permis de dissocier le patient de son corps, en utilisant l’enraidissement de sa main. Il est alors parti sur une plage et a pu voir s’envoler un ballon lui permettant d’alléger sa pensée. D’ailleurs, Jean-Marc Benhaiem nous interpelle par cette question : « Et si la vie ressemblait à ce long couloir où il n’est possible de progresser qu’en se délestant de ce qui a été accumulé ? » (5)
Dès lors le patient peut utiliser ces gestes simples en les adaptant discrètement dans sa cellule devant ses codétenus, en posant sa main sur sa couchette ou sur sa jambe par exemple, pour contourner ses pulsions à consommer des opiacés ou des substituts.
Il est important de noter que j’ai proposé au patient dès le départ de l’expérience de « prendre la main », l’invitant ainsi à s’approprier la démarche d’autonomisation à l’écart des produits.
La notion de temps
La vie carcérale crée une distorsion du temps qui paraît soit interminable dans l’attente d’une décision judiciaire : libération, adaptation de peine… soit trop court lorsque le jugement est imminent : ramenant le patient face aux raisons de son arrestation avec un regain de culpabilité. Le manque de « substance », licite ou illicite, fait basculer le patient dans la spirale du temps qui lui reste, véritable compte à rebours qui ne semble pouvoir être interrompu que par la consommation.
L’hypnose s’interpose alors comme une échelle de secours à laquelle le patient peut s’accrocher pour se hisser vers le haut. Il peut alors accéder à l’étage du Présent, celui qui autorise la pensée à s’installer et à fonction ner librement en prenant tout son temps (!) loin de la pulsion mortifère à consommer des opiacés.
L’expérience de Daniel Derrien...
La situation présentée se déroule au CAARUD de Saint-Brieuc (géré par l’ANPAA) (6). Cet établissement médico-social accueille des usagers de drogues avec un minimum d’exigences (l’abstinence et la diminution des consommations n’étant pas sa mission première).
Tous types de produits psychoactifs sont concernés : héroïne, alcool, médicaments, etc. Les missions des CAARUD sont : l’accueil (collectif, individuel), l’information, le conseil personnalisé pour usagers de drogues, le soutien dans l’accès aux soins, aux droits, au logement et à l’insertion ou la réinsertion professionnelle, à la mise à disposition de matériel (7). Les usagers accueillis ne souhaitent pas nécessairement s’engager dans une démarche de soins (bien que certains soient suivis en CSAPA (8) ou en médecine de ville pour un traitement de substitution aux opiacés) tout en sachant que la politique de réduction des risques (démarche de santé publique pragmatique) peut conduire vers le soin.
Elle vise à encourager l’usager à adopter autant que possible des comportements moins nocifs notamment pour sa santé. Les CAARUD ne sont pas des lieux de consommation de produits.
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Lorsque la Version papier de ce numéro sera épuisée, la version PDF sera fournie à la place
- Éditorial : Addictions, vous avez dit addictions ? S. Cohen
- Éditorial : Hypnose et addictions... P. Vesproumis
- Opiacés et hypnose. F. Chambre, D. Derrien et P. Vesproumis
- Douleur et dépendance. G. Tosti
- L’hypnose pour arrêter de fumer. J.-M. Benhaiem
- Conduites alimentaires. B. Dubos
- Retrouver sa liberté de mouvement. D. Roberts
- L’hypnose est mouvement. M.-A. Jolly et I. Prévot-Stimec
- L’addiction est-elle irrationnelle ? J.-C. Keller
- Posons le cadre hypnotique ! D. Vergriete
- Conversations externalisantes. J. Betbèze
- Addict au sexe. J. Mignot
- Le lien sans la demande. P. Aïm
- Clinique et neurosciences. C. Pissevin
- Addictions au cabinet dentaire. O. Benarroche
- Addiction et résilience. G. Ostermann
- Du traumatisme à l’addiction. C. Van Loey
- Sevrage tabagique. M. Galy
- Sevrage alcoolique. S. Cohen
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- Éditorial : Hypnose et addictions... P. Vesproumis
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- Douleur et dépendance. G. Tosti
- L’hypnose pour arrêter de fumer. J.-M. Benhaiem
- Conduites alimentaires. B. Dubos
- Retrouver sa liberté de mouvement. D. Roberts
- L’hypnose est mouvement. M.-A. Jolly et I. Prévot-Stimec
- L’addiction est-elle irrationnelle ? J.-C. Keller
- Posons le cadre hypnotique ! D. Vergriete
- Conversations externalisantes. J. Betbèze
- Addict au sexe. J. Mignot
- Le lien sans la demande. P. Aïm
- Clinique et neurosciences. C. Pissevin
- Addictions au cabinet dentaire. O. Benarroche
- Addiction et résilience. G. Ostermann
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