Elle permet l’apprentissage rapide d’une protection analgésique hypnotique sans avoir l’air de « faire de l’hypnose » chez des patients gardant le plus souvent les yeux ouverts.
Parmi les techniques existantes, celle dite du « gant magique » consiste à créer rapidement une anesthésie en gant puis à ensuite apprendre à transférer cette analgésie à toute autre zone du corps nécessitant une analgésie. A côté de l’avantage de ne pas recourir à une transe formelle, cette technique reçoit parfois la critique d’être un peu longue à mettre en place ou de faire paraître le thérapeute un peu bizarre lorsqu’il propose l’exercice au patient. Il est proposé au lecteur d’explorer l’utilité de ce gant magique en pratique clinique.
De nombreux travaux dans la littérature établissent l’efficacité analgésique de l’hypnose dans le cadre d’une stimulation nociceptive aiguë et une méta-analyse récente confirme l’efficacité antalgique de l’hypnose. Faymonville et coll. avaient montré que les patients opérés sous hypnosédation présentaient une réduction de 50 % de la douleur postopératoire6. Plus récemment, Musellec et coll. retrouvent approximativement le même niveau de réduction de la douleur postopératoire chez les patients ambulatoires opérés sous hypnosédation, ainsi qu’une réduction de la consommation d’antalgiques per et postopératoires7. On s’accorde donc aujourd’hui pour considérer que l’hypnose réduit la perception douloureuse de l’ordre de 50 %. L’hypnose ne réduit pas que la perception nociceptive. Elle joue très efficacement sur les quatre composantes de la douleur, notamment sur la composante affective en améliorant le confort des patients3,5. Tous ces travaux néanmoins sont réalisés au cours de transes formelles et évaluent pour la plupart la douleur et l’anxiété posto-pératoire. A ce jour, aucun travail n’a évalué l’intensité de la protection analgésique offerte par les techniques locales de protection lorsque l’on applique un stimulus nociceptif. Deux études indépendantes et menées en parallèle, Musellec et coll.8 et Paqueron et coll.9, ont évalué l’efficacité analgésique du gant chez des volontaires, en utilisant deux stimulations douloureuses différentes. Dans le premier cas, la stimulation était délivrée par un faisceau laser dirigé sur la main protégée par le gant hypnotique, tandis que dans la seconde étude, le stimulus douloureux était un pincement fort de la commissure entre le pouce et l’index. Dans les deux études, ces stimuli étaient cotés à 6 sur 10 sur l’ENS avant l’induction de la protection hypnotique. Les résultats de ces deux travaux (en cours de publication) sont similaires, puisque les auteurs rapportent tous deux une réduction de 50 % de l’intensité douloureuse avec le gant. La protection antalgique de cette technique locale entraîne donc au niveau de la main protégée une analgésie comparable à ce qui est décrit dans la littérature.
Mais en pratique
Les stagiaires sont souvent déconcertés par la longueur de mise en place du gant et ils sont parfois mal à l’aise d’avoir « à faire le pitre » en racontant une histoire qui ne tient pas debout devant le patient, d’autant plus peut- être que celui-ci est un adulte. Il est vrai que c’est très facile chez l’enfant du fait de la dimension ludique et magique. Chez l’adulte, le sérieux et la conviction du thérapeute font que le patient accepte aisément la technique si l’on change un peu l’histoire en gommant le côté magique. Lorsqu’on propose à la personne phobique des « piqûres » de lui apprendre en quelques instants avec un petit exercice à se protéger une fois pour toutes de sa crainte des aiguilles, il est rare de se voir opposer un refus. Après, si on lui demande de se rappeler comment il ou elle faisait pour jouer étant enfant – vous savez, on jouait à faire comme si... – et de faire l’exercice avec cet esprit, et si on remplace l’expression de gant magique par gant anesthésique, les patients y consentent très aisément. Il faut bien évidemment s’aider, dès le début de la proposition du gant, de suggestions qui vont donner au patient envie d’adhérer : « Voulez-vous apprendre une technique qui pourra vous servir pour tout le reste de votre existence à vous protéger ou à améliorer votre confort ? »
Un outil utile à tous les stades de la transe
- Durant l’induction de la transe
Il est parfois utile d’induire une courte transe pour poser une perfusion, par exemple, si on ne souhaite pas utiliser une technique de confusion. Comme on induit une très forte focalisation sur la main et une puissante dissociation corporelle entre la main et le reste du corps, cette technique est très utile comme technique d’induction avant un acte ou un soin douloureux. Le gant peut simplement servir à offrir une protection antalgique en cas d’un acte ponctuel.
- Pour l’entretien de la transe
Cependant, rien n’interdit ensuite de proposer au patient de prendre une grande inspiration, de fermer les yeux et de poursuivre un accompagnement classique lorsque la protection a été installée là où elle est nécessaire, pour la réalisation d’un soin plus long. Comme l’analgésie induite avec le gant analgésique est transférable à toute partie du corps, soit par un contact de la main soit directement en imagination, cette propriété de transfert d’analgésie représente donc une ressource utilisable en cours de transe, durant l’accompagnement.
- En tant que suggestions post-hypnotiques
En postopératoire ou à la fin du soin, il peut être proposé comme suggestion post-hypnotique de laisser le gant en place pour assurer un confort postopératoire, ou de le remettre en place à tout moment pour améliorer le confort.
- En autohypnose
En consultation de douleur chronique, cette technique me sert souvent pour donner aux patients un outil de contrôle de leur douleur, notamment lorsque le patient n’adhère pas avec la réification. Une fois le gant fabriqué et lorsque le patient a compris comment le reprendre et le poser là où il en a besoin, il devient quasiment automatique à utiliser. Certains patients douloureux l’installent le matin avant de se lever puis le gardent ensuite durant la journée... il est vraiment magique ce gant !
La fabrication du gant
Pour la suite de l'article de ce numéro de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves, cliquez ici
Parmi les techniques existantes, celle dite du « gant magique » consiste à créer rapidement une anesthésie en gant puis à ensuite apprendre à transférer cette analgésie à toute autre zone du corps nécessitant une analgésie. A côté de l’avantage de ne pas recourir à une transe formelle, cette technique reçoit parfois la critique d’être un peu longue à mettre en place ou de faire paraître le thérapeute un peu bizarre lorsqu’il propose l’exercice au patient. Il est proposé au lecteur d’explorer l’utilité de ce gant magique en pratique clinique.
De nombreux travaux dans la littérature établissent l’efficacité analgésique de l’hypnose dans le cadre d’une stimulation nociceptive aiguë et une méta-analyse récente confirme l’efficacité antalgique de l’hypnose. Faymonville et coll. avaient montré que les patients opérés sous hypnosédation présentaient une réduction de 50 % de la douleur postopératoire6. Plus récemment, Musellec et coll. retrouvent approximativement le même niveau de réduction de la douleur postopératoire chez les patients ambulatoires opérés sous hypnosédation, ainsi qu’une réduction de la consommation d’antalgiques per et postopératoires7. On s’accorde donc aujourd’hui pour considérer que l’hypnose réduit la perception douloureuse de l’ordre de 50 %. L’hypnose ne réduit pas que la perception nociceptive. Elle joue très efficacement sur les quatre composantes de la douleur, notamment sur la composante affective en améliorant le confort des patients3,5. Tous ces travaux néanmoins sont réalisés au cours de transes formelles et évaluent pour la plupart la douleur et l’anxiété posto-pératoire. A ce jour, aucun travail n’a évalué l’intensité de la protection analgésique offerte par les techniques locales de protection lorsque l’on applique un stimulus nociceptif. Deux études indépendantes et menées en parallèle, Musellec et coll.8 et Paqueron et coll.9, ont évalué l’efficacité analgésique du gant chez des volontaires, en utilisant deux stimulations douloureuses différentes. Dans le premier cas, la stimulation était délivrée par un faisceau laser dirigé sur la main protégée par le gant hypnotique, tandis que dans la seconde étude, le stimulus douloureux était un pincement fort de la commissure entre le pouce et l’index. Dans les deux études, ces stimuli étaient cotés à 6 sur 10 sur l’ENS avant l’induction de la protection hypnotique. Les résultats de ces deux travaux (en cours de publication) sont similaires, puisque les auteurs rapportent tous deux une réduction de 50 % de l’intensité douloureuse avec le gant. La protection antalgique de cette technique locale entraîne donc au niveau de la main protégée une analgésie comparable à ce qui est décrit dans la littérature.
Mais en pratique
Les stagiaires sont souvent déconcertés par la longueur de mise en place du gant et ils sont parfois mal à l’aise d’avoir « à faire le pitre » en racontant une histoire qui ne tient pas debout devant le patient, d’autant plus peut- être que celui-ci est un adulte. Il est vrai que c’est très facile chez l’enfant du fait de la dimension ludique et magique. Chez l’adulte, le sérieux et la conviction du thérapeute font que le patient accepte aisément la technique si l’on change un peu l’histoire en gommant le côté magique. Lorsqu’on propose à la personne phobique des « piqûres » de lui apprendre en quelques instants avec un petit exercice à se protéger une fois pour toutes de sa crainte des aiguilles, il est rare de se voir opposer un refus. Après, si on lui demande de se rappeler comment il ou elle faisait pour jouer étant enfant – vous savez, on jouait à faire comme si... – et de faire l’exercice avec cet esprit, et si on remplace l’expression de gant magique par gant anesthésique, les patients y consentent très aisément. Il faut bien évidemment s’aider, dès le début de la proposition du gant, de suggestions qui vont donner au patient envie d’adhérer : « Voulez-vous apprendre une technique qui pourra vous servir pour tout le reste de votre existence à vous protéger ou à améliorer votre confort ? »
Un outil utile à tous les stades de la transe
- Durant l’induction de la transe
Il est parfois utile d’induire une courte transe pour poser une perfusion, par exemple, si on ne souhaite pas utiliser une technique de confusion. Comme on induit une très forte focalisation sur la main et une puissante dissociation corporelle entre la main et le reste du corps, cette technique est très utile comme technique d’induction avant un acte ou un soin douloureux. Le gant peut simplement servir à offrir une protection antalgique en cas d’un acte ponctuel.
- Pour l’entretien de la transe
Cependant, rien n’interdit ensuite de proposer au patient de prendre une grande inspiration, de fermer les yeux et de poursuivre un accompagnement classique lorsque la protection a été installée là où elle est nécessaire, pour la réalisation d’un soin plus long. Comme l’analgésie induite avec le gant analgésique est transférable à toute partie du corps, soit par un contact de la main soit directement en imagination, cette propriété de transfert d’analgésie représente donc une ressource utilisable en cours de transe, durant l’accompagnement.
- En tant que suggestions post-hypnotiques
En postopératoire ou à la fin du soin, il peut être proposé comme suggestion post-hypnotique de laisser le gant en place pour assurer un confort postopératoire, ou de le remettre en place à tout moment pour améliorer le confort.
- En autohypnose
En consultation de douleur chronique, cette technique me sert souvent pour donner aux patients un outil de contrôle de leur douleur, notamment lorsque le patient n’adhère pas avec la réification. Une fois le gant fabriqué et lorsque le patient a compris comment le reprendre et le poser là où il en a besoin, il devient quasiment automatique à utiliser. Certains patients douloureux l’installent le matin avant de se lever puis le gardent ensuite durant la journée... il est vraiment magique ce gant !
La fabrication du gant
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XAVIER PAQUERON
Anesthésiste-réanimateur, Centre clinical Angoulême-Soyaux. DU Hypnose médicale à la Pitié-Salpêtrière. Formateur à Emergences. Recherche en hypnose, activité clinique en douleur aiguë et douleur chronique.
Anesthésiste-réanimateur, Centre clinical Angoulême-Soyaux. DU Hypnose médicale à la Pitié-Salpêtrière. Formateur à Emergences. Recherche en hypnose, activité clinique en douleur aiguë et douleur chronique.
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- Éditorial : De la douleur à la douceur ? M. Arnaud
- Fibromyalgie. A. Vallée
- Douleurs traumatiques. G. Chaboud
- Hypnose et recherche. A. Vanhaudenhuyse et M.-E. Faymonville
- Rééducation et hypnose. V. Monfort
- La présence. M. Galy
- Blessures de tennis. V. Dasle
- La douleur chronique. B. Dubos
- Mon banal de la douleur. A. Bioy
- Communication thérapeutique. E. Boselli
- Éditorial : P. Houssel
- Césarienne naturelle. F. Bernard
- Gant analgésique. X. Paqueron
- L’hypnose périopératoire. F. Roelants et C. Watremez
- Soins dentaires chez l’enfant. C. Martin
- Curiethérapie. E. Rigal
- Hypnose et anesthésie. F. Hamon
- Une conteuse au bloc opératoire. A. Khaled
- Aux Urgences. N. Guler et S. Weber
- Pédiatrie, dans un bloc opératoire. M. Marchal
Pour acheter ce numéro de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves à l’unité, ou vous abonner, cliquez ici
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- Fibromyalgie. A. Vallée
- Douleurs traumatiques. G. Chaboud
- Hypnose et recherche. A. Vanhaudenhuyse et M.-E. Faymonville
- Rééducation et hypnose. V. Monfort
- La présence. M. Galy
- Blessures de tennis. V. Dasle
- La douleur chronique. B. Dubos
- Mon banal de la douleur. A. Bioy
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- Gant analgésique. X. Paqueron
- L’hypnose périopératoire. F. Roelants et C. Watremez
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- Curiethérapie. E. Rigal
- Hypnose et anesthésie. F. Hamon
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