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Troubles mentaux: le monde selon DSM.


Un réductionnisme en marche
Par le Pr Maurice Corcos, Professeur de psychiatrie infanto-juvénile Paris 5 René Descartes, Chef de Service du Département de Psychiatrie de l’Adolescent et du Jeune Adulte, Institut Mutualiste Montsouris. Docteur en Psychologie. Psychanalyste
Revue Hypnose & Thérapies Brèves, Hors-Série n°6



Troubles mentaux: le monde selon DSM.
Les simplifications et les limitations qu’a introduit le DSM, manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, d’abord aux États-Unis puis en Europe, dans l’évolution des concepts et des pratiques, dans l’organisation des dispositifs de prévention ou de soins et par là, en définitive, dans la politique de santé, sont majeures. Comme toute tentative scientifique qui doit toujours, pour appréhender le vivant, penser classer, le système DSM a sa légitimité, mais à condition de respecter des limites. Dont celle qui est que classer vient après penser, et non l’inverse.

Le DSM a réintroduit, en effet, un système explicatif où des liens directs sont établis entre les expressions cliniques et les dysfonctionnements supposés du système nerveux. Avec le DSM, les fondements du trouble mental s’inscrivent alors de façon dominante, voire exclusive, au plan neurobiologique : les facteurs d’environnement se trouvent réduits à l’événementiel ou au stress : ils ne pourraient alors jouer qu’un rôle secondaire. Il y a évidemment des vulnérabilités biologiques et des traumatismes précoces, durables, et violents qui compromettent gravement le futur de quelqu’un. Mais il existe toujours des facteurs de résilience, qui sont eux plus difficiles à appréhender. Ceux-là et la question plus vaste des ressources internes, des autoérotismes et de leur impact sur la mobilité psychique sont totalement éludés par le système DSM.

C’est en suivant le patient longtemps que l’on comprend comment il réagit, se mobilise, se rétracte, se retire, se retranche. Car l’Homme, in fine, n’a rien de définitif ! Le système DSM ne cherche pas à étudier le film de l’histoire, il n’examine que les photos.

L’effort d’objectivation et de quantification réalisé par le DSM fait apparaître, en filigrane, l’influence de normes sociétales devenues dominantes : vis-à-vis du sujet réputé normal, le malade mental apparaît, par un côté, comme une menace, par un autre, comme un perdant. Selon ces orientations, les critères établis sont pour le clinicien un répertoire obligé et « donné du dehors » qu’il doit appliquer en suivant un « arbre de décision » qui mène, immanquablement, au diagnostic, sans qu’une alternative soit laissée qui permettrait d’apprécier la singularité du cas. Avec le DSM, on entre ou non dans le cadre...

En réalité, la catégorisation établie de cette manière n’est pas discriminante ; elle ne permet même pas de marquer l’écart entre les manifestations qui caractérisent les pathologies avérées et des expressions que l’on peut rencontrer dans le cours du développement normal (anxiété, humeurs, retard, incivilités, etc.) puisque celles-ci se retrouvent incluses parmi « les troubles ».

Dans ces conditions, un sujet se trouve souvent concerné par des critères appartenant à deux ou plusieurs catégories du DSM : en pareil cas, plutôt que de s’interroger sur la façon dont les multiples manifestations peuvent s’articuler afin de donner éventuellement corps à un ensemble significatif, le clinicien soumis aux règles du DSM se borne à juxtaposer des catégories en arguant d’une « comorbidité ».

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Il s’ouvre avec un double éditorial où Patrick Bellet évoque l’apport du Sage de Phœnix comme celle d’ « Un nouveau Copernic »,
puis Thierry Servillat s’imagine écrire une curieuse lettre à Milton, le maître de « L’art de la joie ».
Roxanna Erickson-Klein livre un texte inédit : « Mon père »,
puis Dominique Megglé, biographe attitré, relit à la lumière de notre époque la vie de « Milton Hyland Erickson., le conquérant immobile ».
Jeffrey Zeig, président de la Fondation Erickson, avec un détaillé « Abécédaire des postures éricksoniennes », nous fait percevoir l’essence de cette approche thérapeutique si peu théorisable.
Patrick Bellet traite ensuite, en nous étonnant, « De la nature végétale de l’hypnose ».
L’ « Erickson’s Touch. Quintessence hypnotique » est détaillée par Richard Van Dyck,
avant que Michel Kerouac envisage Milton H. Erickson comme « Un artiste sauveteur. Comme un visionnaire inouï ».
A l’instar d’Erickson qui s’est affranchi de carcans théoriques, il convient avec Maurice Corcos de considérer avec un bel esprit critique ce nouvel ordre mondial psychiatrique qu’est le DSM !

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Rédigé le 03/08/2018 à 01:22 | Lu 402 fois | 0 commentaire(s) modifié le 03/08/2018





Sophie Tournouër, Psychologue clinicienne, Hypnothérapeute et Thérapeute Familiale. praticienne... En savoir plus sur cet auteur

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