Hypnothérapie
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Paris

Hypnose Ericksonienne, Médicale et Thérapeutique. Thérapies Brèves, EMDR. Formations en Hypnose, Formation en EMDR, Thérapeute des Instituts Milton Erickson à Paris, Marseille, Bordeaux, Nancy

Naître dans la dépression maternelle.


Eric Bardot. Nous avons choisi de vous faire partager le script d’une démonstration en HTSMA



© Claudia Botero
© Claudia Botero
Elle s’est déroulée entre deux thérapeutes expérimentés dans le cadre de l’atelier « Du nourrisson à l’adulte : entre attachement et intersubjectivité, vers l’autonomie relationnelle ». Nous vous proposons d’observer comment le questionnement associé aux mouvements oculaires (MO), au tapping, amènent en confiance le couple patient-thérapeute à s’engager dans le scénario d’abandon dans une transe du présent. Le processus d’externalisation, dans l’ici et maintenant, va permettre de traverser le scénario d’effondrement. La transformation des formes relationnelles en sécurité, dans « l’être ensemble », va déconstruire les scénarii dissociatifs transgénérationnels vers une histoire de vie internalisée.

- Thérapeute : « Bonjour Daniel. Comme nous avons quarante minutes devant nous, que va-t-il falloir qu’il se passe durant ces quarante minutes pour que nous puissions dire à la fin de cette séance qu’elle vous aura été utile ?

- Daniel (après un long silence) : Que je puisse enfin me mettre à écrire.

- Th. : Lorsque vous me dites “que je puisse enfin me mettre à écrire”, s’agit-il pour vous d’une question de capacité ou une question d’autorisation… à vous mettre à écrire ?

- D. (long silence, dans une attitude prostrée) : Mon problème est là, je ne sais pas… c’est comme une feuille blanche… Silence.

- Th. : Lorsque vous dites “c’est comme une feuille blanche”, elle peut venir là devant vous… cette feuille blanche ? Le Thérapeute accompagne la venue de la feuille d’un geste de la main comme s’il matérialise la présence de cette feuille devant eux deux.

- D. : Oui, je la vois devant moi. (Surpris.) Dessus, il y a le texte que j’avais écrit sur L’Etranger de Camus lorsque j’étais en sixième... Elle est pleine d’annotations au rouge. (Froncement des sourcils.) Celles du prof...

- Th. : Pour permettre à cette feuille d’être encore un peu plus présente devant nous, je vais proposer à vos yeux de pousser sur mes doigts... (MO).

- Th. : ... Très bien, qu’est-ce qui vient ?

- D. : C’est curieux. Elles forment une tache rouge sur la feuille...

- Th. : Lorsque ces annotations forment une tache rouge sur la feuille, là, devant vous : qu’est-ce qui vient ?

- D. : La tristesse… des larmes qui ne sortent pas… le désespoir.

- Th. : Lorsque vous me dites devant cette tache rouge, sur cette feuille : “la tristesse… des larmes qui ne sortent pas… le désespoir”... qu’est-ce qui vient là, maintenant ?

- D. : Le vide… un vide sombre… un vide où il n’y a que silence et solitude... (Sa voix laisse percer une sourde colère.)

- Th. : Lorsque vous me dites : “vide sombre… un vide où il n’y a que silence et solitude”... puis-je vous poser une question un peu délicate ? Daniel, dans un hochement de tête, jette au Thérapeute un regard interrogatif empreint de désespoir.

- Th. (comme s’il se parle à lui-même) : Je me demande comment ce vide où il n’y a que silence et solitude s’y prend pour amener cette sourde colère en vous ? (MO).

- D. (silence) : Il m’enferme… me réduit à l’impuissance… il me condamne à errer dans un monde vide de vie où je peux toujours crier, hurler, me débattre… personne, il n’y a personne pour entendre.

- Th. (tend sa main droite devant lui dans l’entre-deux comme si ce vide de solitude et de silence est là, présent devant eux) : Comment ce vide de silence et de solitude s’y prend-il pour vous enfermer, pour vous réduire au silence ?... Pour vous condamner à errer dans un monde vide de vie ?... Comment s’y prend-il pour que personne n’entende le son de votre voix... pour que personne ne perçoive votre présence ? (MO).

- D. (entre encore un peu plus dans le silence et dans une attitude d’introspection… il entre en transe hypnotique sur ce vide... les MO maintiennent le lien patient-thérapeute) : Je ne sais pas… il me fait entendre que je suis seul à errer dans un monde sombre… dans un monde très sombre… qui me noue le ventre. (La main gauche de Daniel se dirige vers son ventre... les larmes sont là, prêtes à sortir… son corps est en tension comme s’il lutte contre l’effondrement). (MO).

- D. : C’est étrange. Je vois du mouvement dans ce monde très sombre…

un corps qui commence à s’agiter… non pas un, plusieurs. Ils se tordent de douleur… je suis incapable de dire s’il s’agit d’une douleur physique ou d’une douleur morale. C’est comme si les deux n’en faisaient qu’un… je peux les visualiser, les sentir, presque les toucher… Oh, il y en a un plus présent... (MO).

- Th. : Dans ce monde sombre... là, devant nous... quand ce corps est là… plus présent… Daniel… puis-je vous demander si vous êtes en capacité de gérer ce moment par vous-même ou… si vous avez besoin de mon aide ?

- D. : Je peux gérer (dit-il d’une voix sourde).

- Th. : OK. Alors, observez la présence de ce corps-là, devant vous… qu’est-ce qui vous vient en retour ?

- D. : J’ai l’impression que cette forme de vie crie et m’appelle à l’aide… (Toute l’attention de Daniel est focalisée sur la scène ; celle du Thérapeute également.)

- Th. :Daniel, lorsque j’entends que vous me dites “j’ai l’impression qu’elle crie et qu’elle m’appelle”… pour mieux m’aider à visualiser avec vous cette présence, est-ce que c’est acceptable pour vous que je rapproche ma chaise de la vôtre et que mes doigts viennent tapoter sur vos épaules ?...

- D. (le corps replié, les épaules affaissées) : Oui. Le Thérapeute se met derrière Daniel. Ses doigts viennent tapoter délicatement l’extrémité des épaules de Daniel de manière alternée. Ses mains, entre la séquence, enveloppent les épaules de Daniel d’un léger contact. Cet accompagnement corporel a pour but de soutenir corporellement le travail qui est en train de se dérouler. Daniel se met à tousser. Sa toux donne une impression de cris qui ne sortent pas… ses yeux sont embués. Le Thérapeute quitte les MO pour le tapping sur les épaules...

- D. : Je la vois… Elle est seule… Dans une souffrance terrible. Elle se débat… C’est comme une présence fantomatique qui l’habite… J’ai envie de hurler… Ça me fige… Je ne peux pas l’aider. (Tapping).

- D. : J’entends, je sens ses cris… ses protestations… son désespoir. Comment elle lutte et en même temps, il y a cette autre voix… la sienne… une voix claire, pleine d’amour… je ne sais si elle est pour moi ou si c’est son amour pour la vie ou c’est peut-être pareil... ça me transperce le ventre... (Tapping).

- D. : Je suis trop petit… si petit… tellement petit… Maman, pardonnemoi. Je ne sais pas quoi faire… Je ne peux que m’agiter et crier… pour que quelqu’un entende et vienne nous aider… Je suis mal de te sentir aussi mal et de ne rien pouvoir faire… (Tapping).

- Th. : Et là maintenant, qu’est-ce qui vient ?

- D. : Elle ne m’entend pas. Elle me demande de vivre, d’être bien comme elle ne peut pas l’être, elle… Elle croit que c’est moi qui suis mal… elle a peur que je meure... C’est comme si elle déversait en moi toute l’énergie de vie qui est en elle... (Tapping).

- D. (à la fois étonné et contrarié) : Elle me donne comme mission d’être le gardien…

- Th. : Le gardien... De quoi ?

- D. : De cette énergie de vie. (Tapping). Daniel est pris d’un grand bâillement. Une sensation de fatigue envahit le pourtour de ses yeux. Sa voix est ralentie. Il regarde le Thérapeuthe dans les yeux et lui dit :

- D. : Elle en a de bonnes. C’est un sacré cadeau. Et qui va m’aider, moi ? Accompagné du contact des mains du Thérapeute sur les épaules, le corps de Daniel entre dans un mouvement de bercement de gauche à droite comme si son corps commence à se défiger.

- Th. (d’une voix douce) : Daniel, puis-je te proposer quelque chose de pas facile ? La main gauche du Thérapeute vient au contact du dos de Daniel entre ses deux omoplates. Cette main vient soutenir le corps de Daniel qui part en avant et menace de s’effondrer. Daniel, toujours dans le bercement, hoche la tête d’un oui...

- Th. :“Qui va m’aider moi ?”. Observe. C’est comme si ce “qui va m’aider moi ?” est comme un cri qui là, devant nous… Observe ce qui vient se mettre en lien avec ce “qui va m’aider moi ?” (Tapping).

- D. (les larmes dans les yeux) : Je ne vois pas... C’est une présence... Je la sens. On dirait la mort. (Tapping).

- D. : Je vois arriver mon père… Qu’est-ce qu’il vient faire là ? (Daniel a une expression de surprise et d’incompréhension). Il regarde ailleurs... Il a une apparence de bien vivant… Je le vois boire, manger, être en représentation. (Les larmes se mettent à couler. Daniel se remet à tousser. Son corps a l’air de retrouver un peu de tonicité. Il peut observer la scène d’une manière plus décentrée). (Tapping). Daniel se remet à bâiller...

- Th. : Daniel, il y a là, chez moi, un mot qui n’arrête pas de tourner dans ma tête et qui vient faire obstacle pour continuer à vous accompagner. Est-ce acceptable pour vous que je mette ce mot entre nous ?

- D. : Oui.

- Th. : Je prends ce mot chez moi et je le mets entre nous : “indifférence”. (Tapping). Daniel et le Thérapeute se mettent à bâiller ensemble...

- D. (avec une énergie nouvelle) : Oui, c’est ça… je vois la mort, le corps de sa mère… ma grand-mère… je peux me mettre à la place de mon père enfant. Je perçois son figement quand sa mère décède dans ses bras. C’est comme si je suis à sa place. Je sens son coeur se serrer puis se fermer. Je sens ses muscles se contracter, sa mâchoire se verrouiller. Je peux ressentir les adultes l’arracher au corps de sa mère morte… Je le vois seul, seul dans un coin, sonné, sidéré… On dirait un zombie. (Tapping).

- D. :Aucun bras ne se tend vers lui pour l’envelopper, l’apaiser. J’entends des voix lui dire : “c’est fini, on n’y peut rien, sois fort”. (Tapping).

- Th. : Et lorsque “aucun bras ne se tend pour l’envelopper, l’apaiser, que ces voix lui disent c’est fini on n’y peut rien, sois fort”... comment ça réagit, là, maintenant, chez vous ?

- D. : Je sens de l’apaisement. (Il se met à bâiller à nouveau.) Il ne peut pas soutenir ma mère. C’est comme si je lui pardonne. J’ai même de la peine et de la compassion pour ce petit garçon.

- Th. : A quoi ce petit garçon peut-il observer cette peine et cette compassion chez vous ?

- D. : Je lui tends les bras avec un regard de tendresse... (Tapping).

- D. : Il reste figé, replié dans un coin, assis. Il ne bouge pas...

- Th. : Qu’est-ce qui vient ?

- D. : Je suis triste… et impuissant.

- Th. : Est-ce que vous me permettez de faire quelque chose d’un peu étrange ? Daniel hoche sa tête en signe d’accord...

- Th. : Je vais demander à la mère de ce petit garçon de venir avec nous, là, maintenant... observe.

- D. : Elle est là... C’est étrange, je ne la connais pas mais je sens qu’elle est là. Elle tend ses bras vers nous. Je l’entends nous dire : “je veille sur vous… je vous aime”. (Tapping).

- Th. : Qu’est-ce qui vient ?

- D. : Le petit garçon lève la tête et me regarde. Il y a comme un rictus sur son visage... Nos deux regards se rencontrent. (Tapping).

- Th. : Comment ça réagit ?

- D. : Je sens de la chaleur... J’ai l’impression que ce c’est comme si nos deux coeurs se rencontrent.

- Th. : Comme cette chaleur est présente chez vous, comme si vos deux coeurs se rencontrent, comment vous la vivez ?

- D. : Elle m’apaise. C’est lumineux... Je sens couler les larmes... ce sont des larmes de bien-être. (Tapping).

- D. : J’ai l’impression d’être un grand frère qui prend son petit frère par la main. Que ma présence le rassure. Je ne peux le percevoir comme mon père, et en même temps c’est OK pour moi. Je comprends qu’il était incapable de contenir la détresse de ma mère. C’est comme s’ils ont assemblé leur malheur ensemble.

- Th. : Quand vous vous entendez dire tout ça, qu’est-ce qui vous vient ?

- D. : C’est OK pour moi. Deux orphelins dans le même bateau. (Silence.)

- Th. : Comme vous me dites “c’est OK pour moi. Deux orphelins dans le même bateau”. Observez ce qui vient là, maintenant, devant vous.

- D. : Une scène... une scène que j’ai vécue lors d’une séance de supervision en hypnose, il y a des années... Mais c’est bizarre, je ne la vois plus pareil. La perspective a changé. (Daniel est à nouveau focalisé sur la scène comme si elle est présente devant lui.) Je vois une salle d’accouchement. Les murs sont blancs. Un bébé est en train de naître. Il sort du ventre de sa mère jusqu’au bassin. Il a l’air coincé. Ses bras prennent appui sur le bassin de sa mère comme s’il essaye de se débloquer… Il a l’air figé. La lumière du scialytique vient agresser ses yeux, ça l’aveugle. C’est douloureux... Il détourne sa tête vers la gauche... Son regard se porte vers le médecin et l’infirmière qui sont au fond de la pièce. Ils discutent ensemble comme si tout leur semble normal... Le bébé reste bloqué comme s’il ne peut pas sortir par lui-même... Derrière, il sent derrière lui, au niveau de son bassin, la présence d’une forme


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Dr Eric BARDOT

Psychiatre, pédopsychiatre et psychothérapeute, exerce en libéral. Directeur de l’Institut Mimethys à Nantes. Membre de la CFHTB. Concepteur de HTSMA/thérapie du lien et des mondes relationnels. Utilisation du dessin en thérapie solutionniste.

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Sommaire :

- Douleur chronique et dépression. D. Le Breton

- La dépression : un trouble attentionnel ? J.-M. Benhaiem

- La grossesse, le devenir parent. H. Saulnier

- Attitudes paradoxales. V. Torres-Lacaze et G. Delannoy

- Plutôt que la drogue. D. Roberts

- Naître dans la dépression maternelle. E. Bardot

- Le deuil au pays de l’individualisme. J. Betbèze

- L’hypnose dans la dépression du sujet âgé. M. Floccia, S. Lagouarde et M. Le Rudulier

- Un exemple de la thérapie stratégique. D. Vergriete

- Le médecin généraliste face à un patient dépressif. P. Le Grand

- Trois questions pour créer des petits bonheurs. M.-C. Cabié

- L’hypnose pour reprendre vie. C. Leloutre-Guibert

- Mémoire du futur. M. Nannini

- Stratégies thérapeutiques dans la dépression. W. Martineau

- Dermatoses chroniques. V. Bonnet

- Antidépresseurs, un long sevrage. C. Virot



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Rédigé le 17/04/2021 à 22:58 | Lu 2179 fois | 0 commentaire(s) modifié le 23/04/2021





Laurent GROSS
- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies... En savoir plus sur cet auteur

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