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L’énigme de la Perle Noire. Métaphore de la rencontre du «Comte de Brosseau» Ou une métaphore qui en cache une autre




Disons en entrée de jeu que les métaphores ne sont pas ma tasse de thé. Si j’en développe dans mes consultations c’est par inadvertance ou d’une façon non intentionnelle. D’ailleurs, si vous questionnez Claude Virot ou Yves Halfon sur mon langage thérapeutique, ils vous diront la même chose : « Gaston raconte à peu près n’importe quoi à ses patients. »

J’assume absolument leur discours. La raison est simple : cela fonctionne. Je répète «ad nauseam» que, de toute façon, les gens n’écoutent pas vraiment ce que vous prétendez leur dire, mais sont viscéralement sensibles à votre état d’âme dans votre façon de vous exprimer. Vous serez convaincus de mon argumentaire en écoutant ce qu’ils ont retenu de votre propos qui est à l’occasion à l’antipode de ce que vous pensiez avoir dit. Même s’ils ont parfois compris le contraire de ce que vous avez dit, rien n’y change, ils vont déjà mieux.

Un peu d’humilité de notre part nous aidera à conclure qu’indépendamment de la pertinence de notre discours, la personne s’auto-guérit à sa convenance. Attention, je n’ai pas dit que nous sommes inutiles, mais plutôt que nous sommes relégués, comme thérapeute, au rôle de passeur entre elle-même et le mieux-être qu’elle ose s’autoriser.

Bien sûr, et c’est là l’élément capital, la personne se sent avant tout rassurée par l’authenticité de notre présence. Ici, je fais référence à notre capacité d’empathie, beaucoup plus qu’à notre lucidité à saisir sa problématique sans toutefois en diminuer l’importance. La distance entre ces deux composantes est menue, mais penche toujours, comme la tour de Pise, du même côté, soit de l’empathie. Son corollaire est aussi juste.

Je me soucie moins de ce que la personne me raconte, mais plus de ce qu’elle semble éprouver en me parlant. En somme : je porte plus attention à ce qu’elle est et moins à ce qu’elle me dit. Tout se joue au niveau de notre sens clinique. Dommage, il n’y pas de cours pour acquérir cette habileté. Toutefois, rassurez-vous, avec de l’expérience on y parvient d’une façon acceptable.

La question : pourquoi j’ai accepté d’ajouter mon grain de sel à cette édition spéciale ciblée sur l’utilisation des métaphores alors que je prétends ne pas y recourir ?
Voyons donc le contexte présidant à la naissance de la métaphore du «Comte de Brosseau ». Dépassons le côté flatteur ou pompeux du titre, pour en saisir le propos qui a surgi sous l’inspiration du moment chez l’une de mes stagiaires qui a construit ce conte métaphorique découlant de sa perception de ma pédagogie.

C’était dans le cadre de ma toute dernière formation au Québec, s’inscrivant dans la tournée de départ avant la retraite que j’ai amorcée il y a quelques mois. On aurait pu titrer ce conte tout simplement « une métaphore qui en cache une autre ».

A la rencontre du « Comte de Brosseau »
On parle de l’histoire d’une femme qui partit sur un bateau pour aller à la rencontre d’un homme connu à travers le monde de l’hypnose, le « Comte de Brosseau ». Elle s’appelait Jeanne d’Arc. Elle voulait ap prendre non pas l’art du combat, mais l’art de « ne rien faire» et l’art de « l’acceptation inconditionnelle» pour pouvoir traiter les autres avec dignité. Mais cela, elle ne savait pas encore à quoi cela faisait référence.

A sa première rencontre avec cet homme, elle ne savait pas qu’elle apprendrait quelque chose de plus important encore… Puis la journée passa et durant ce premier jour, le Comte lui offrit une perle noire.

Le deuxième jour, cet homme qui n’était pas très grand se présenta sans grand artifice, presque sans sa valise. Il était presque dépouillé de tout artifice et il venait faire ses adieux au monde de la formation. Ce monde où l’on doit nécessairement travailler un peu pour transmettre son savoir-être et son savoir-faire… même si tout cela se passe avec art et plaisir…

Mais Jeanne d’Arc n’avait pas compris… Elle voulait des armes, des techniques pour se protéger, elle et les autres, et rester performante. Elle avait lu dans les écrits du Comte et elle savait comment « ne rien faire », mais elle en voulait plus encore.

L’homme commença par se révéler et à exprimer ce qu’il vivait. C’était la dernière fois qu’il serait là, à démontrer son travail… La tristesse monta dans ses yeux et là, il se produisit quelque chose. Jeanne d’Arc saisit sa perle attachée au cou et la roula entre ses doigts. L’homme reprit tout de suite son contrôle… Jeanne d’Arc était contente pour lui, cet homme qu’elle appréciait et qui l’avait fascinée ou bluffée plus d’une fois retrouvait sa force de combattant. Elle ne voulait pas qu’il soit triste… Le « Comte de Brosseau » continua donc à faire ses démonstrations, à les expliquer avec générosité et... à être. Mais il n’était plus le même en dedans. Le discours n’était plus le même. Il essaya encore un peu de partager son for intérieur. Mais il était trop tard puisqu’une petite étincelle de castration avait été déposée en lui… Il ne se le permettait plus mais il continua pour autant. Toutefois, il y avait moins de place pour sa spontanéité. Evidemment, il était là pour donner tout ce qu’il avait puisque Jeanne d’Arc et d’autres venaient de différents pays du monde pour l’écouter.

Ne rien faire » pendant que quelqu’un vit une émotion peut être une prémisse à laisser l’autre « être », un peu comme si vous lui offriez de l’espace pour qu’il puisse expérimenter une nouvelle façon d’être ou de recevoir des autres quelque chose de différent, de nouveau, de transformateur. Il peut être sain d’être un combattant et d’être porté dans sa vulnérabilité par ses auditeurs. Cela peut même être une magnifique expérience du savoir-être pour tout le monde. Mais Jeanne d’Arc n’avait pas encore compris cela.

Alors, elle repartit avec son bateau, ses armes, ses larmes, son charme et aussi avec un sentiment désagréable à l’intérieur d’elle, sentiment qu’elle n’avait pas encore saisi.

Puis le soir, elle s’est mise à caresser la perle que le « Comte de Brosseau » lui avait donné comme cela, devant tout le monde. Cette perle, on s’en souvient, est noire… Il se passa alors quelque chose d’étrange : plus elle caressait cette perle avec ses doigts… plus sa couleur pâlissait. Elle ne s’en rendit pas compte parce que la perle était accrochée à son cou et elle ne pouvait la voir. Elle continua à la caresser avec ses doigts et la perle devint d’un ton pastel puis d’une couleur gris très très pâle, puis la perle devint blanche, d’un blanc lumineux très brillant, vous savez ce blanc diamanté, éblouissant… Celui que l’on retrouve sur les bancs de neige l’hiver après que les caresses du vent aient durci la neige devenant une croûte brillante…

Elle venait de découvrir qu’elle s’intéressait parfois un peu trop au savoir-faire des gens et qu’elle ne savait pas toujours que de se trouver avec les gens, tout juste à leur côté, pouvait être une expérience incommensurablement enrichissante... Comme de s’apercevoir qu’en dessus de la croûte de neige, il y a une neige très très légère, douce et fluide…

Un humain n’est pas un objet, mais un être qui vaut la peine d’être senti dans ce qu’il vit, et accepté inconditionnellement pour lui permettre de retrouver ses propres parties saines dans un espace pouvant le permettre. Cela est possible, si l’on ne le castre pas trop et si on le respecte vraiment.


GASTON BROSSEAU Psychologue. Clinicien tous azimuts depuis plus d’un demi-siècle, motivé par sa quête incessante de tout simplifier et rendre accessibles les méandres de la psychologie aux communs des mortels, ce psychologue québécois a jalonné son univers de bornes inédites maintenant reconnues par ses pairs lorsqu’on parle, entre autres, de « nanoinductions », de thérapies instantanées, de « ne rien faire », de conscience efficiente, de normalité, d’identité, de mesure du degré d’adaptation, d’aspect vital, d’inductions silencieuses et graphiques, de l’instant zéro, etc. Autant d’éléments novateurs décrits dans ses publications scientifiques qui alimentent ses séminaires sur les deux côtés de l’Atlantique.

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“Hors série n°10 de la revue Hypnose & Thérapies brèves. Mars 2016.
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“Thème : “Les métaphores". Utilisation de la pensée symbolique" 

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- Hypnose et Thérapies Brèves. Leçon d’humilité…
Histoire courte, conte, légende universelle, tableau de maître, ou simple image, la métaphore existe depuis la nuit des temps et inspire notre vie quotidienne. 
- De la métaphore dans la maladie et le soin. Yves HALFON «En matière de métaphore, les apparences sont tout, sauf trompeuses.» 
- Métaphores sur Grand Ecran : utilisation des films en thérapie narrative avec les toxicomanes
- Le poète, le patient et l’hypnothérapeute
 - Les métaphores: Définitions. La métaphore, du grecμεταφορα (« metaphorá »= transport), est une figure de style fondée sur l’analogie. Un terme est substitué à un autre, issu d’un champ lexical différent, parce qu’il lui ressemble ou partage avec celui-ci une qualité essentielle. 
- L’heure du changement: Deux images métaphoriques me servent « d’accroche » quand les patients les remarquent dans mon cabinet de consultations.
- L’enchantement hypnotique des métaphores. Joyce C. MILLS, Ph.D.
- Fier d’être « un pot fêlé ». Il y a bien longtemps, un soignant m’envoya ce conte hindou. Je ne me souviens plus du nom du soignant... 
- La métaphore, une communication intersubjective directe 
- Henri le Hérisson. Céline BENHARROCH LEININGER
- Création et utilisation de contes métaphoriques en hypnose
- Les histoires de grand-père. Marco KLOP 
- Le nez fin. Camille ROCHE-DJEFFEL
- La réification. Yves HALFON
- L’énigme de la Perle Noire. Métaphore de la rencontre du « Comte de Brosseau » Ou une métaphore qui en cache une autre.

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Gaston BROSSEAU avec Laurent GROSS et Laurence ADJADJ au Congrès Hypnose et Douleur 2018
Gaston BROSSEAU avec Laurent GROSS et Laurence ADJADJ au Congrès Hypnose et Douleur 2018



Rédigé le 10/09/2018 à 00:34 | Lu 659 fois | 0 commentaire(s) modifié le 23/09/2018





Laurence ADJADJ
Présidente de France EMDR-IMO, Psychologue, Psychothérapeute, Hypnothérapeute et Formatrice en... En savoir plus sur cet auteur

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