Les contes ont bercé mon enfance. Ils ont été les premiers éléments d’un imaginaire hypnotique.
Quand j’étais petite, mon frère aîné, Christian, me racontait des histoires le soir avant d’aller dormir. Au début, il s’agissait d’histoires connues, de contes classiques. Puis, au fil du temps, un jeu s’est installé entre nous : les histoires sont devenues les nôtres, celles que nous inventions. Nous les appelions les « histoires de la tête ».
Le principe était simple : je devais donner à Christian trois éléments que je voulais entendre apparaître dans le conte. Libre ensuite à lui de construire l’histoire comme bon lui semblait. Bien installée, les yeux fermés, je me délectais ainsi des fabuleuses aventures qui naissaient dans le cerveau de mon frère à partir de mes « princesses », « châteaux » et autres « sorcières ». Devenue adolescente, je prenais le relais et m’improvisais à mon tour conteuse pour mes neveux et nièces. Un exercice auquel nous prenions tous autant de plaisir, bien que leurs demandes mettaient rudement mon imagination à l’épreuve. Grâce à eux j’appris donc à inventer des histoires qui mêlaient des personnages aussi différents qu’un chien, un artichaut et une épée.
Les années passant, l’hypnose a croisé mon chemin. Tout naturellement, le lien s’est fait entre métaphore et conte. Aujourd’hui, j’apprends aux soignants qui suivent mes formations à devenir des créateurs de contes métaphoriques. Certains d’entre eux les utilisent ensuite lors des soins.
Voici quelques éléments indispensables à connaître pour élaborer la recette d’un conte réussi.
1- Petite recette de création de conte
1.1. Préalable
Deux données indispensables :
- Aimer raconter des histoires : le patient sent votre enthousiasme (ou au contraire, votre absence d’enthousiasme).
- Connaître le temps dont vous disposez : pour adapter la durée de l’histoire. A quel moment créer le conte ?
- Vous pouvez l’imaginer avant la séance, notamment s’il est destiné à un patient particulier ou à un type de soin spécifique.
- Vous pouvez le créer au moment de la séance. Cette option est plus ardue.
- Enfin, vous pouvez également vous inspirer de récits que vous connaissez et qui vous plaisent. Vous pourrez ainsi les proposer à vos patients sous forme de transe hypnotique.
1.2. Les règles d’or :
- Généralement le conte commence par « Il était une fois » ou « Cela me fait penser à l’histoire de... ». Souvent, on y ajoute ensuite un cadre géographique lointain et non précis.
- Le patient doit pouvoir s’identifier au héros sans que cela soit trop évident. Le personnage principal doit donc être attachant ou sympathique pour la personne qui écoute l’histoire.
- Dans la narration et la construction globale du conte, on privilégie en général le VAKOG et l’action, notamment s’il y a un soin.
- Le héros rencontre une difficulté qu’il devra pouvoir surmonter grâce à ses propres ressources.
- Il est possible de « personnifier » les processus inconscients du patient. C’est-à-dire d’ajouter des personnages représentant les ressources du héros-patient (fée, animaux, amis). Mais aussi des personnages représentant ses peurs ou ses croyances négatives (sorciers, monstres, nuit).
- L’objectif est de mettre en évidence les performances du héros, et de rappeler qu’il pourra s’en servir à nouveau lorsqu’il rencontrera un obstacle. En s’identifiant au héros, le patient pourra ainsi mieux mobiliser ses forces lors d’un prochain soin.
- Le héros-patient est souvent confronté à des répétitions : il souffle trois fois, il affronte trois épreuves, etc.
- L’histoire peut se terminer par une célébration pour fêter la réussite du héros. Un peu comme à l’image du banquet à la fin des albums d’Astérix et Obélix.
2- Pour l’inspiration : quelques exemples de contes
Voici quelques exemples de contes imaginés par les groupes que j’anime. Ils sont adaptés à différents soins et à différents patients en fonction de leur âge. Par ailleurs, ils ont plutôt vocation à être proposés à des patients introvertis, non-bavards et qui ont besoin d’être guidés dans une histoire.
2.1. Pour un soin du pansement de Broviac
Conte réalisé au CHU de Montpellier par Sibylle Koubemba, Céline Arneudo et Claire Dzong. Le soin de pansement de Broviac* concerne tous les âges de l’enfance à l’adolescence. Cependant, plus les enfants sont petits, plus le soin est difficile à réaliser, et en particulier pour les enfants de 2 à 5 ans. Le choix du conte est justement approprié à cette tranche d’âge. L’enfant aime les histoires, prend plaisir à les écouter, quelquefois à s’y identifier. Par ailleurs, le conte évoque un certain moment de plaisir et de tendresse, puisqu’il est souvent utilisé par les parents pour endormir, calmer ou rassurer.
Dans le cadre du pansement, le conte va donc jouer un rôle de distraction en permettant à l’enfant de s’évader dans un monde imaginaire, féerique ou fantastique ; un petit instant de magie.
A savoir :
Pour l’induction
- Avant tout, il faut proposer à l’enfant d’écouter une histoire pendant le soin, en vue d’obtenir son accord. Il se peut en effet qu’il préfère un autre type de distraction.
ISABELLE IGNACE
Psychologue Clinicienne et hypnothérapeute. Formatrice depuis plus de 10 ans en hypnothérapie et hypno-analgésie auprès de soignants, elle a travaillé à l'Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur de l'Hôpital Robert Debré (Paris) pendant 6 ans. Également familiarisée à l’exercice de l’enseignement et de la formation, son expérience clinique est autant hospitalière qu’en pratique libérale pour des soutiens thérapeutiques d'enfants, d'adolescents et d'adultes.
Quand j’étais petite, mon frère aîné, Christian, me racontait des histoires le soir avant d’aller dormir. Au début, il s’agissait d’histoires connues, de contes classiques. Puis, au fil du temps, un jeu s’est installé entre nous : les histoires sont devenues les nôtres, celles que nous inventions. Nous les appelions les « histoires de la tête ».
Le principe était simple : je devais donner à Christian trois éléments que je voulais entendre apparaître dans le conte. Libre ensuite à lui de construire l’histoire comme bon lui semblait. Bien installée, les yeux fermés, je me délectais ainsi des fabuleuses aventures qui naissaient dans le cerveau de mon frère à partir de mes « princesses », « châteaux » et autres « sorcières ». Devenue adolescente, je prenais le relais et m’improvisais à mon tour conteuse pour mes neveux et nièces. Un exercice auquel nous prenions tous autant de plaisir, bien que leurs demandes mettaient rudement mon imagination à l’épreuve. Grâce à eux j’appris donc à inventer des histoires qui mêlaient des personnages aussi différents qu’un chien, un artichaut et une épée.
Les années passant, l’hypnose a croisé mon chemin. Tout naturellement, le lien s’est fait entre métaphore et conte. Aujourd’hui, j’apprends aux soignants qui suivent mes formations à devenir des créateurs de contes métaphoriques. Certains d’entre eux les utilisent ensuite lors des soins.
Voici quelques éléments indispensables à connaître pour élaborer la recette d’un conte réussi.
1- Petite recette de création de conte
1.1. Préalable
Deux données indispensables :
- Aimer raconter des histoires : le patient sent votre enthousiasme (ou au contraire, votre absence d’enthousiasme).
- Connaître le temps dont vous disposez : pour adapter la durée de l’histoire. A quel moment créer le conte ?
- Vous pouvez l’imaginer avant la séance, notamment s’il est destiné à un patient particulier ou à un type de soin spécifique.
- Vous pouvez le créer au moment de la séance. Cette option est plus ardue.
- Enfin, vous pouvez également vous inspirer de récits que vous connaissez et qui vous plaisent. Vous pourrez ainsi les proposer à vos patients sous forme de transe hypnotique.
1.2. Les règles d’or :
- Généralement le conte commence par « Il était une fois » ou « Cela me fait penser à l’histoire de... ». Souvent, on y ajoute ensuite un cadre géographique lointain et non précis.
- Le patient doit pouvoir s’identifier au héros sans que cela soit trop évident. Le personnage principal doit donc être attachant ou sympathique pour la personne qui écoute l’histoire.
- Dans la narration et la construction globale du conte, on privilégie en général le VAKOG et l’action, notamment s’il y a un soin.
- Le héros rencontre une difficulté qu’il devra pouvoir surmonter grâce à ses propres ressources.
- Il est possible de « personnifier » les processus inconscients du patient. C’est-à-dire d’ajouter des personnages représentant les ressources du héros-patient (fée, animaux, amis). Mais aussi des personnages représentant ses peurs ou ses croyances négatives (sorciers, monstres, nuit).
- L’objectif est de mettre en évidence les performances du héros, et de rappeler qu’il pourra s’en servir à nouveau lorsqu’il rencontrera un obstacle. En s’identifiant au héros, le patient pourra ainsi mieux mobiliser ses forces lors d’un prochain soin.
- Le héros-patient est souvent confronté à des répétitions : il souffle trois fois, il affronte trois épreuves, etc.
- L’histoire peut se terminer par une célébration pour fêter la réussite du héros. Un peu comme à l’image du banquet à la fin des albums d’Astérix et Obélix.
2- Pour l’inspiration : quelques exemples de contes
Voici quelques exemples de contes imaginés par les groupes que j’anime. Ils sont adaptés à différents soins et à différents patients en fonction de leur âge. Par ailleurs, ils ont plutôt vocation à être proposés à des patients introvertis, non-bavards et qui ont besoin d’être guidés dans une histoire.
2.1. Pour un soin du pansement de Broviac
Conte réalisé au CHU de Montpellier par Sibylle Koubemba, Céline Arneudo et Claire Dzong. Le soin de pansement de Broviac* concerne tous les âges de l’enfance à l’adolescence. Cependant, plus les enfants sont petits, plus le soin est difficile à réaliser, et en particulier pour les enfants de 2 à 5 ans. Le choix du conte est justement approprié à cette tranche d’âge. L’enfant aime les histoires, prend plaisir à les écouter, quelquefois à s’y identifier. Par ailleurs, le conte évoque un certain moment de plaisir et de tendresse, puisqu’il est souvent utilisé par les parents pour endormir, calmer ou rassurer.
Dans le cadre du pansement, le conte va donc jouer un rôle de distraction en permettant à l’enfant de s’évader dans un monde imaginaire, féerique ou fantastique ; un petit instant de magie.
A savoir :
Pour l’induction
- Avant tout, il faut proposer à l’enfant d’écouter une histoire pendant le soin, en vue d’obtenir son accord. Il se peut en effet qu’il préfère un autre type de distraction.
ISABELLE IGNACE
Psychologue Clinicienne et hypnothérapeute. Formatrice depuis plus de 10 ans en hypnothérapie et hypno-analgésie auprès de soignants, elle a travaillé à l'Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur de l'Hôpital Robert Debré (Paris) pendant 6 ans. Également familiarisée à l’exercice de l’enseignement et de la formation, son expérience clinique est autant hospitalière qu’en pratique libérale pour des soutiens thérapeutiques d'enfants, d'adolescents et d'adultes.
Commandez ce numéro Hors-Série n°10 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves: “Les métaphores". Utilisation de la pensée symbolique
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“Hors série n°10 de la revue Hypnose & Thérapies brèves. Mars 2016. “ C'est un numéro double de 196 pages. “Thème : “Les métaphores". Utilisation de la pensée symbolique"
Construites ou filées, développées ou succinctes, universelles ou personnelles, les métaphores constituent une boîte à outils à l’immense portée thérapeutique. Comment les construire, comment les utiliser, c’est ce qu’explique avec de nombreux exemples ce hors-série n°10 de la revue Hypnose & Thérapies brèves.
- Hypnose et Thérapies Brèves. Leçon d’humilité… Histoire courte, conte, légende universelle, tableau de maître, ou simple image, la métaphore existe depuis la nuit des temps et inspire notre vie quotidienne.
- De la métaphore dans la maladie et le soin. Yves HALFON «En matière de métaphore, les apparences sont tout, sauf trompeuses.»
- Métaphores sur Grand Ecran : utilisation des films en thérapie narrative avec les toxicomanes - Le poète, le patient et l’hypnothérapeute - Les métaphores: Définitions. La métaphore, du grecμεταφορα (« metaphorá »= transport), est une figure de style fondée sur l’analogie. Un terme est substitué à un autre, issu d’un champ lexical différent, parce qu’il lui ressemble ou partage avec celui-ci une qualité essentielle.
- L’heure du changement: Deux images métaphoriques me servent « d’accroche » quand les patients les remarquent dans mon cabinet de consultations. - L’enchantement hypnotique des métaphores. Joyce C. MILLS, Ph.D.
- Fier d’être « un pot fêlé ». Il y a bien longtemps, un soignant m’envoya ce conte hindou. Je ne me souviens plus du nom du soignant...
- La métaphore, une communication intersubjective directe
- Henri le Hérisson. Céline BENHARROCH LEININGER - Création et utilisation de contes métaphoriques en hypnose - Les histoires de grand-père. Marco KLOP
- Le nez fin. Camille ROCHE-DJEFFEL
- La réification. Yves HALFON
- L’énigme de la Perle Noire. Métaphore de la rencontre du « Comte de Brosseau » Ou une métaphore qui en cache une autre.
Pour acheter ce numéro de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves à l’unité, ou vous abonner, cliquez ici
“Hors série n°10 de la revue Hypnose & Thérapies brèves. Mars 2016. “ C'est un numéro double de 196 pages. “Thème : “Les métaphores". Utilisation de la pensée symbolique"
Construites ou filées, développées ou succinctes, universelles ou personnelles, les métaphores constituent une boîte à outils à l’immense portée thérapeutique. Comment les construire, comment les utiliser, c’est ce qu’explique avec de nombreux exemples ce hors-série n°10 de la revue Hypnose & Thérapies brèves.
- Hypnose et Thérapies Brèves. Leçon d’humilité… Histoire courte, conte, légende universelle, tableau de maître, ou simple image, la métaphore existe depuis la nuit des temps et inspire notre vie quotidienne.
- De la métaphore dans la maladie et le soin. Yves HALFON «En matière de métaphore, les apparences sont tout, sauf trompeuses.»
- Métaphores sur Grand Ecran : utilisation des films en thérapie narrative avec les toxicomanes - Le poète, le patient et l’hypnothérapeute - Les métaphores: Définitions. La métaphore, du grecμεταφορα (« metaphorá »= transport), est une figure de style fondée sur l’analogie. Un terme est substitué à un autre, issu d’un champ lexical différent, parce qu’il lui ressemble ou partage avec celui-ci une qualité essentielle.
- L’heure du changement: Deux images métaphoriques me servent « d’accroche » quand les patients les remarquent dans mon cabinet de consultations. - L’enchantement hypnotique des métaphores. Joyce C. MILLS, Ph.D.
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- L’énigme de la Perle Noire. Métaphore de la rencontre du « Comte de Brosseau » Ou une métaphore qui en cache une autre.
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Valérie TOUATI-GROSS
Hypnothérapeute, Thérapie EMDR, Ostéopathe.
Exerce dans le Cabinet d'Hypnose Médicale, Ostéopathie, EMDR de Paris 12.
Spécialisée sur les traitements et approches de la Fécondation In Vitro (FIV), et de la Procréation Médicalement Assistée (PMA), Infertilité Inexpliquée.
Rédactrice web de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
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Hypnothérapeute, Thérapie EMDR, Ostéopathe.
Exerce dans le Cabinet d'Hypnose Médicale, Ostéopathie, EMDR de Paris 12.
Spécialisée sur les traitements et approches de la Fécondation In Vitro (FIV), et de la Procréation Médicalement Assistée (PMA), Infertilité Inexpliquée.
Rédactrice web de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
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