La prise en charge de la douleur constitue un problème de santé publique et 20 à 30% de la population en Europe se plaint de douleurs chroniques, alors qu’elles sont intenses chez 5% de la population, soit près de 3 millions de personnes en France.
La posture du médecin ou du soignant lorsqu’il évalue la douleur du patient et son retentissement est capitale : il s’agit d’abord d’écouter le patient, de le croire. Ce premier élément, qui paraît si évident, est pourtant relativement rare, si l’on écoute les patients douloureux faire part de la souffrance qu’ils ont ressentie lorsque les praticiens, qui les ont pris successivement en charge, ne les ont pas suffisamment écoutés ou pris en compte, les interrompant rapidement, se tenant en face de leur ordinateur ou de leurs certitudes.
Il s’agit aussi d’expliquer de façon humaine et attentive à un patient en souffrance, dans un langage simple, volontiers positif, le diagnostic envisagé, les différents traitements possibles. Le patient est placé au centre de sa prise en charge : en premier lieu, il réalise lui-même l’évaluation de ses symptômes et de leur retentissement.
Contrat de soins et alliance thérapeutique
La médecine de la douleur repose sur la participation active et centrale du patient à sa prise en charge, qui bénéficie d’une éducation thérapeutique lui permettant de mieux comprendre les enjeux de sa prise en charge et les moyens de l’optimiser. La définition d’objectifs communs entre le patient et son thérapeute est capitale. Faute de tels objectifs, l’errance diagnostique et thérapeutique du patient risque de se poursuivre en cercle vicieux. En effet, le patient douloureux est souvent en attente d’une disparition complète, magique, de ses douleurs et d’un traitement qui lui permettra d’y parvenir. Le thérapeute non averti risque de tomber dans ce piège en poursuivant à son tour cet objectif inatteignable.
Ce sont surtout les facteurs d’entretien du syndrome douloureux chronique qu’il convient de connaître et d’expliquer au patient et à son entourage (et aussi d’enseigner aux jeunes médecins et soignants), afin qu’ils puissent se mobiliser pour limiter tout ce qui contribue à l’entretien des douleurs (le « faites vous-mêmes votre malheur », de Paul Watzlawick).
Les ressources du patient seront mobilisées, en cherchant avec lui les solutions qu’il pourra lui-même apporter pour avancer dans la prise en charge de ses douleurs, en promouvant une dynamique de changement grâce à laquelle le patient pourra « mieux vivre avec ses douleurs » plutôt que « vivre avec ses douleurs ».
Il est important de valoriser les efforts du patient douloureux, dont l’estime de soi est souvent détériorée et qui recueille de son entourage, de ses collègues et des médecins qui le « traitent », des ressentis souvent indifférents voire franchement négatifs à son encontre.
Chaque thérapeutique, qu’elle soit physique, psychologique ou socioprofessionnelle, a pour but d’autonomiser le patient qui s’approprie les différents traitements, et met en place une autopratique régulière
A titre d’exemple, voici des objectifs personnalisés de qualité de vie que nous avons pu construire avec une patiente fibromyalgique de 45 ans, aide-soignante, en arrêt de travail depuis un an et hospitalisée au Centre de la douleur : diminution de la douleur (d’environ 2 points/10 et non- disparition de la douleur) ; rationalisation du traitement avec diminution et si possible suppression des médicaments responsables de dépendance (morphine, somnifères, benzodiazépines) ; au plan physique : marcher davantage (avec un but, par exemple celui d’aller chercher ses enfants à l’école), passer moins de temps au lit (par exemple, 16 h/jour la première semaine à la place des 20 h/jour actuelles) ; au plan psychologique : travailler son hygiène du sommeil (avec des levers et des couchers réguliers), s’autoriser à consulter un psychiatre, s’engager dans un travail de couple ; au plan socioprofessionnel : débuter une activité socialisante (activité associative pour la scolarisation des enfants en difficulté), avancer sur son projet au retour au travail (avec un premier contact avec ses collègues et de son cadre de santé).
Les clés du devenir du patient douloureux chronique
Davantage que les médicaments ou les approches techniques ou chirurgicales les plus pointues, c’est la qualité de la relation thérapeutique qui permettra au patient douloureux d’aller vers une vie meilleure et moins centrée sur ses douleurs, de diminuer sa consommation des médicaments responsables de dépendance, et de reprendre son travail et/ou ses activités. Chaque thérapeutique, qu’elle soit physique, psychologique ou socioprofessionnelle, a pour but d’autonomiser le patient qui s’approprie les différents traitements, et met en place une autopratique régulière. C’est autant valable pour l’activité physique régulière qu’il pérennisera, que pour les séances d’autohypnose quotidienne…
La relation thérapeutique auprès du patient douloureux peut s’apprendre...
Enfin la responsabilisation du patient, qui reprend les rênes de son devenir, qui en prend conscience et s’en réjouit, permet au patient, dans le meilleur des cas définitivement, de changer de stratégie vis-à-vis de ses douleurs qui l’ont handicapé, et qu’il a désormais appris à apprivoiser…
Hypnose et pratique de la relation thérapeutique
Au sein de la prise en charge du patient douloureux, l’hypnose et les autres thérapies complémentaires (acupuncture, médecine manuelle- ostéopathie, méditation en pleine conscience « mindfulness ») ont une place de choix dans l’approche du patient douloureux chronique. La Haute Autorité de Santé et les sociétés savantes de la douleur comme de la rhumatologie ou la médecine physique et rééducation, encouragent leur pratique, au sein de la prise en charge pluridisciplinaire recommandée, au sein de laquelle ils s’insèrent (« add-on therapies », pour les Anglo-Saxons).
La posture du médecin ou du soignant lorsqu’il évalue la douleur du patient et son retentissement est capitale : il s’agit d’abord d’écouter le patient, de le croire. Ce premier élément, qui paraît si évident, est pourtant relativement rare, si l’on écoute les patients douloureux faire part de la souffrance qu’ils ont ressentie lorsque les praticiens, qui les ont pris successivement en charge, ne les ont pas suffisamment écoutés ou pris en compte, les interrompant rapidement, se tenant en face de leur ordinateur ou de leurs certitudes.
Il s’agit aussi d’expliquer de façon humaine et attentive à un patient en souffrance, dans un langage simple, volontiers positif, le diagnostic envisagé, les différents traitements possibles. Le patient est placé au centre de sa prise en charge : en premier lieu, il réalise lui-même l’évaluation de ses symptômes et de leur retentissement.
Contrat de soins et alliance thérapeutique
La médecine de la douleur repose sur la participation active et centrale du patient à sa prise en charge, qui bénéficie d’une éducation thérapeutique lui permettant de mieux comprendre les enjeux de sa prise en charge et les moyens de l’optimiser. La définition d’objectifs communs entre le patient et son thérapeute est capitale. Faute de tels objectifs, l’errance diagnostique et thérapeutique du patient risque de se poursuivre en cercle vicieux. En effet, le patient douloureux est souvent en attente d’une disparition complète, magique, de ses douleurs et d’un traitement qui lui permettra d’y parvenir. Le thérapeute non averti risque de tomber dans ce piège en poursuivant à son tour cet objectif inatteignable.
Ce sont surtout les facteurs d’entretien du syndrome douloureux chronique qu’il convient de connaître et d’expliquer au patient et à son entourage (et aussi d’enseigner aux jeunes médecins et soignants), afin qu’ils puissent se mobiliser pour limiter tout ce qui contribue à l’entretien des douleurs (le « faites vous-mêmes votre malheur », de Paul Watzlawick).
Les ressources du patient seront mobilisées, en cherchant avec lui les solutions qu’il pourra lui-même apporter pour avancer dans la prise en charge de ses douleurs, en promouvant une dynamique de changement grâce à laquelle le patient pourra « mieux vivre avec ses douleurs » plutôt que « vivre avec ses douleurs ».
Il est important de valoriser les efforts du patient douloureux, dont l’estime de soi est souvent détériorée et qui recueille de son entourage, de ses collègues et des médecins qui le « traitent », des ressentis souvent indifférents voire franchement négatifs à son encontre.
Chaque thérapeutique, qu’elle soit physique, psychologique ou socioprofessionnelle, a pour but d’autonomiser le patient qui s’approprie les différents traitements, et met en place une autopratique régulière
A titre d’exemple, voici des objectifs personnalisés de qualité de vie que nous avons pu construire avec une patiente fibromyalgique de 45 ans, aide-soignante, en arrêt de travail depuis un an et hospitalisée au Centre de la douleur : diminution de la douleur (d’environ 2 points/10 et non- disparition de la douleur) ; rationalisation du traitement avec diminution et si possible suppression des médicaments responsables de dépendance (morphine, somnifères, benzodiazépines) ; au plan physique : marcher davantage (avec un but, par exemple celui d’aller chercher ses enfants à l’école), passer moins de temps au lit (par exemple, 16 h/jour la première semaine à la place des 20 h/jour actuelles) ; au plan psychologique : travailler son hygiène du sommeil (avec des levers et des couchers réguliers), s’autoriser à consulter un psychiatre, s’engager dans un travail de couple ; au plan socioprofessionnel : débuter une activité socialisante (activité associative pour la scolarisation des enfants en difficulté), avancer sur son projet au retour au travail (avec un premier contact avec ses collègues et de son cadre de santé).
Les clés du devenir du patient douloureux chronique
Davantage que les médicaments ou les approches techniques ou chirurgicales les plus pointues, c’est la qualité de la relation thérapeutique qui permettra au patient douloureux d’aller vers une vie meilleure et moins centrée sur ses douleurs, de diminuer sa consommation des médicaments responsables de dépendance, et de reprendre son travail et/ou ses activités. Chaque thérapeutique, qu’elle soit physique, psychologique ou socioprofessionnelle, a pour but d’autonomiser le patient qui s’approprie les différents traitements, et met en place une autopratique régulière. C’est autant valable pour l’activité physique régulière qu’il pérennisera, que pour les séances d’autohypnose quotidienne…
La relation thérapeutique auprès du patient douloureux peut s’apprendre...
Enfin la responsabilisation du patient, qui reprend les rênes de son devenir, qui en prend conscience et s’en réjouit, permet au patient, dans le meilleur des cas définitivement, de changer de stratégie vis-à-vis de ses douleurs qui l’ont handicapé, et qu’il a désormais appris à apprivoiser…
Hypnose et pratique de la relation thérapeutique
Au sein de la prise en charge du patient douloureux, l’hypnose et les autres thérapies complémentaires (acupuncture, médecine manuelle- ostéopathie, méditation en pleine conscience « mindfulness ») ont une place de choix dans l’approche du patient douloureux chronique. La Haute Autorité de Santé et les sociétés savantes de la douleur comme de la rhumatologie ou la médecine physique et rééducation, encouragent leur pratique, au sein de la prise en charge pluridisciplinaire recommandée, au sein de laquelle ils s’insèrent (« add-on therapies », pour les Anglo-Saxons).
JULIEN NIZARD
Docteur en médecine et docteur en sciences, titulaire de l’Habilitation à diriger les recherches, dirige le service Douleur, soins palliatifs et de support, éthique clinique et thérapies complémentaires du CHU de Nantes, au sein duquel il promeut, avec son équipe, une approche intégrative du patient douloureux et en soins palliatifs et de support. Il dirige les enseignements et DU, diplômes universitaires de la douleur, des soins palliatifs et de support, de l’hypnose thérapeutique, de médecine manuelle, de l’acupuncture et de la prévention des risques psychosociaux liés au travail, à la Faculté de médecine de Nantes. Il anime l’unité de recherche clinique Douleur, soins palliatifs, neurochirurgie du CHU de Nantes.
Docteur en médecine et docteur en sciences, titulaire de l’Habilitation à diriger les recherches, dirige le service Douleur, soins palliatifs et de support, éthique clinique et thérapies complémentaires du CHU de Nantes, au sein duquel il promeut, avec son équipe, une approche intégrative du patient douloureux et en soins palliatifs et de support. Il dirige les enseignements et DU, diplômes universitaires de la douleur, des soins palliatifs et de support, de l’hypnose thérapeutique, de médecine manuelle, de l’acupuncture et de la prévention des risques psychosociaux liés au travail, à la Faculté de médecine de Nantes. Il anime l’unité de recherche clinique Douleur, soins palliatifs, neurochirurgie du CHU de Nantes.
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Hors série n°11 de la revue Hypnose & Thérapies brèves. Mars 2017. C'est un numéro double de 196 pages. Thème : « La relation thérapeutique »
- Éditorial : La relation thérapeutique. S. Cohen
- Éditorial : La relation au coeur de l’hypnose. J. Betbèze
- L’alliance thérapeutique. M. Arnaud
- Enseigner la relation thérapeutique. A. Bioy
- Le thérapeute ? Un guide qui ne devance pas. J.-M. Benhaiem
- Autonomie relationnelle. J. Betbèze
- Avec le patient douloureux chronique. De la formation à la pratique. J. Nizard
- En salle de naissance. B. Bobenrieth
- Monde psychotraumatique. E. Bardot
- La relation thérapeutique. M. Picard Destelan et L. Fodorean
- Comment faire vivre un paranoïaque ? E. Malphettes
- Positionnement, et alliance... thérapeutiques. W. Martineau
- Rapport, alliance et changement : « l’Homonoia ». A. Vallée
- Une semaine aux urgences psychiatriques. V. Lagrée
- Retour à l’essentiel. G. Ostermann
- En Thérapie Systémique Brève. Y. Doutrelugne
- Un truc incroyable... Conversation en thérapie narrative. C. Besnard-Péron
- Retour aux bases. De l’infiniment petit à l’infiniment grand. P. Aïm et L. Gross
- Trouble du comportement à l’adolescence. A. Zeman
Pour acheter ce numéro de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves à l’unité, ou vous abonner, cliquez ici
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- Enseigner la relation thérapeutique. A. Bioy
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- Autonomie relationnelle. J. Betbèze
- Avec le patient douloureux chronique. De la formation à la pratique. J. Nizard
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- Monde psychotraumatique. E. Bardot
- La relation thérapeutique. M. Picard Destelan et L. Fodorean
- Comment faire vivre un paranoïaque ? E. Malphettes
- Positionnement, et alliance... thérapeutiques. W. Martineau
- Rapport, alliance et changement : « l’Homonoia ». A. Vallée
- Une semaine aux urgences psychiatriques. V. Lagrée
- Retour à l’essentiel. G. Ostermann
- En Thérapie Systémique Brève. Y. Doutrelugne
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Théo CHAUMEIL
Hypnothérapeute, Thérapie EMDR, Kinésithérapeute.
Exerce dans le Cabinet d'Hypnose, Thérapies Brèves et EMDR de Paris 11.
Chargé de Formation au CHTIP à Paris, dans les hôpitaux de l’AP-HP, et à l’Institut Hypnotim de Marseille.
Rédacteur web de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
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Hypnothérapeute, Thérapie EMDR, Kinésithérapeute.
Exerce dans le Cabinet d'Hypnose, Thérapies Brèves et EMDR de Paris 11.
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