Je suis anesthésiste-réanimateur et travaille à Angers dans un établissement privé de 110 lits de chirurgie à vocation essentiellement orthopédique. Le cadre est celui de cette spécialité et je ne parlerai donc pas de maternité ou d’autres spécialités… mais certainement plus d’anesthésie loco-régionale.
Je fais partie d’une équipe de 7 anesthésistes-réanimateurs, 8 chirurgiens orthopédistes, 5 chirurgiens de la main. Je crois que je suis le seul à pratiquer l’hypnose… en le disant… et le seul à être formé… Mais, depuis le temps, j’ai l’impression que mes collègues me copient un peu…
Deuxième préambule : je ne pratique pas et ne parlerai pas de l’hypno-sédation telle que on peut la pratiquer sur le modèle de Marie-Elisabeth Faymonville (quoique cela me soit arrivé quelques fois… comme par accident).
Troisième préambule : je m’abstiendrai de faire un exposé théorique. Ce n’est pas le but d’une table ronde, et de bons spécialistes (et éventuellement théoriciens s’il en faut ici) ne sont pas loin…
Quatrième préambule : 15 minutes, c’est court ! trop court pour développer tout ce que j’avais annoncé dans le bandeau d’accroche ! Enfin, je n’utilise pas systématiquement tout ce que je vais décrire, pour tous les patients. Surtout pour ceux qui n’ont pas peur. Vous savez ce qu’adaptation, créativité et interaction veulent dire !
Mais, quand cela commence-t-il ? Ça commence à la consultation pré-anesthésique.
LA CONSULTATION PRÉ-ANESTHÉSIQUE
C’est le moment privilégié d’une rencontre. Outre l’aspect purement médical et anesthésique, (antécédents médicaux chirurgicaux, examen clinique, traitements, allergie, intubation, classification ASA, etc… appréciation et information du risque général et particulier, consentement éclairé…), il s’agit aussi d’apprécier l’anxiété du patient, en lui offrant la possibilité de dire, de verbaliser ses peurs… dans ce cas, il est intéressant de lui permettre de ressentir que nous reconnaissons sa peur. Elle existe, elle est là, et nous la prenons en compte, sans la nier, et sans la magnifier. Écoutons les patients… Je n’hésite pas à placer le mot « peur » dans la conversation. Par exemple : « Ce n’est pas toujours très agréable de se faire opérer… Il y a des moments plus agréables dans la vie… C’est vrai, Ça fait parfois un peu peur… »
« Et vous, vous auriez plus peur de quoi au juste ? »
Et la personne parle de ne pas se réveiller, de se réveiller au milieu de l’anesthésie, de subir, de dépendre, d’être obligé de faire confiance, de n’avoir pas le choix, de ne pas savoir ce qu’on va faire, comment ça va se passer, d’avoir mal après, de ne pas être autonome dans les mois qui vont suivre, ou… de laisser son petit chat tout seul… « Vous ne savez pas trop ? » Ne pas chercher à savoir. Pas forcément. Certains disent : « Vous savez, moi, je suis anxieux de tout, c’est dans ma nature… »
On peut faire comprendre que la peur, l’angoisse, ça varie, ça bouge. Donc que ça ne peut pas diminuer. Et que, au passage, nous (les anesthésistes- réanimateurs) sommes plutôt là pour qu’elle diminue avec l’utilisation de l’échelle analogique de peur. C’est la réglette de l’EVA : Échelle Visuelle Analogique. C’est celle qui est utilisée pour visualiser l’intensité de la douleur. Il en existe une très spéciale pour la peur, que j’ai contribué à mettre au point. Elle fonctionne très bien, sauf pour ceux qui ont une polyathrite ou une pathologie digitale parce qu’il faut utiliser son pouce et son index. Lorsque l’index appuie sur le pouce, la peur est à zéro. Lorsque l’index est le plus éloigné du pouce, l’empan le plus grand, la peur pourrait être maximale… à 10.
« Et vous, en ce moment, vous seriez plutôt où ? à 3, à 4 ? » « Si vous dépassez 5 pour aller vers 6, vous me prévenez, j’interviens. » Mais je peux vous apprendre quelque chose pour que ça baisse… L’avantage de cet outil EVAD (échelle visuelle analogique digitale) est que vous l’avez toujours avec vous (même dans le métro, ou lors d’un topo comme celui-ci…) et le patient également…
L’hypnose peut être utilisée pour donner l’exemple qu’en très peu de temps, il est possible de créer une détente, d’apaiser une anxiété en invitant le patient à se caler un peu mieux sur le siège où il est assis, à se concentrer sur quelques respirations… À ce moment, voilà… Expérience de nouvelles sensations corporelles et de détente…
Dans la consultation préopératoire, comme je suis orienté « peur », je m’enquiers parfois des antécédents d’attaque de panique ou diverses phobies, en particulier les phobies des piqûres, Celles-ci peuvent bénéficier d’une désensibilisation à minima, rapide et efficace, adaptée des techniques de désensibilisation des thérapies comportementales et cognitives. Pour les fumeurs, il est utile et rentable de faire une sensibilisation à l’arrêt du tabac. C’est le conseil minimal antitabac. Celle-ci consiste à ne poser qu’une seule question : « Quand arrêtez-vous de fumer ? ». Des études ont montré que la consultation à minima avait comme effet d’être suivie dans l’année de 4% d’arrêt du tabagisme.
Il n’est plus possible en 2007 de prescrire une prémédication systématique par benzodiazépine pour tous les patients. La prémédication doit être adaptée, c’est-à-dire le plus souvent possible : pas ou peu de prémédication ou quasi placebo.
Il n’est plus licite d’utiliser les benzodiazépines pour provoquer une amnésie de la situation. La prémédication peut toujours se faire au bloc opératoire selon l’anxiété du patient après avoir accueilli le patient et avoir établi un lien avec lui. De plus, quelle est la valeur d’une nouvelle information donnée au patient alors qu’il est sous l’influence d’une benzodiazépine ?
Dans notre expérience quotidienne, cette attitude de pauci-prémédication est tout à fait satisfaisante.
Je fais partie d’une équipe de 7 anesthésistes-réanimateurs, 8 chirurgiens orthopédistes, 5 chirurgiens de la main. Je crois que je suis le seul à pratiquer l’hypnose… en le disant… et le seul à être formé… Mais, depuis le temps, j’ai l’impression que mes collègues me copient un peu…
Deuxième préambule : je ne pratique pas et ne parlerai pas de l’hypno-sédation telle que on peut la pratiquer sur le modèle de Marie-Elisabeth Faymonville (quoique cela me soit arrivé quelques fois… comme par accident).
Troisième préambule : je m’abstiendrai de faire un exposé théorique. Ce n’est pas le but d’une table ronde, et de bons spécialistes (et éventuellement théoriciens s’il en faut ici) ne sont pas loin…
Quatrième préambule : 15 minutes, c’est court ! trop court pour développer tout ce que j’avais annoncé dans le bandeau d’accroche ! Enfin, je n’utilise pas systématiquement tout ce que je vais décrire, pour tous les patients. Surtout pour ceux qui n’ont pas peur. Vous savez ce qu’adaptation, créativité et interaction veulent dire !
Mais, quand cela commence-t-il ? Ça commence à la consultation pré-anesthésique.
LA CONSULTATION PRÉ-ANESTHÉSIQUE
C’est le moment privilégié d’une rencontre. Outre l’aspect purement médical et anesthésique, (antécédents médicaux chirurgicaux, examen clinique, traitements, allergie, intubation, classification ASA, etc… appréciation et information du risque général et particulier, consentement éclairé…), il s’agit aussi d’apprécier l’anxiété du patient, en lui offrant la possibilité de dire, de verbaliser ses peurs… dans ce cas, il est intéressant de lui permettre de ressentir que nous reconnaissons sa peur. Elle existe, elle est là, et nous la prenons en compte, sans la nier, et sans la magnifier. Écoutons les patients… Je n’hésite pas à placer le mot « peur » dans la conversation. Par exemple : « Ce n’est pas toujours très agréable de se faire opérer… Il y a des moments plus agréables dans la vie… C’est vrai, Ça fait parfois un peu peur… »
« Et vous, vous auriez plus peur de quoi au juste ? »
Et la personne parle de ne pas se réveiller, de se réveiller au milieu de l’anesthésie, de subir, de dépendre, d’être obligé de faire confiance, de n’avoir pas le choix, de ne pas savoir ce qu’on va faire, comment ça va se passer, d’avoir mal après, de ne pas être autonome dans les mois qui vont suivre, ou… de laisser son petit chat tout seul… « Vous ne savez pas trop ? » Ne pas chercher à savoir. Pas forcément. Certains disent : « Vous savez, moi, je suis anxieux de tout, c’est dans ma nature… »
On peut faire comprendre que la peur, l’angoisse, ça varie, ça bouge. Donc que ça ne peut pas diminuer. Et que, au passage, nous (les anesthésistes- réanimateurs) sommes plutôt là pour qu’elle diminue avec l’utilisation de l’échelle analogique de peur. C’est la réglette de l’EVA : Échelle Visuelle Analogique. C’est celle qui est utilisée pour visualiser l’intensité de la douleur. Il en existe une très spéciale pour la peur, que j’ai contribué à mettre au point. Elle fonctionne très bien, sauf pour ceux qui ont une polyathrite ou une pathologie digitale parce qu’il faut utiliser son pouce et son index. Lorsque l’index appuie sur le pouce, la peur est à zéro. Lorsque l’index est le plus éloigné du pouce, l’empan le plus grand, la peur pourrait être maximale… à 10.
« Et vous, en ce moment, vous seriez plutôt où ? à 3, à 4 ? » « Si vous dépassez 5 pour aller vers 6, vous me prévenez, j’interviens. » Mais je peux vous apprendre quelque chose pour que ça baisse… L’avantage de cet outil EVAD (échelle visuelle analogique digitale) est que vous l’avez toujours avec vous (même dans le métro, ou lors d’un topo comme celui-ci…) et le patient également…
L’hypnose peut être utilisée pour donner l’exemple qu’en très peu de temps, il est possible de créer une détente, d’apaiser une anxiété en invitant le patient à se caler un peu mieux sur le siège où il est assis, à se concentrer sur quelques respirations… À ce moment, voilà… Expérience de nouvelles sensations corporelles et de détente…
Dans la consultation préopératoire, comme je suis orienté « peur », je m’enquiers parfois des antécédents d’attaque de panique ou diverses phobies, en particulier les phobies des piqûres, Celles-ci peuvent bénéficier d’une désensibilisation à minima, rapide et efficace, adaptée des techniques de désensibilisation des thérapies comportementales et cognitives. Pour les fumeurs, il est utile et rentable de faire une sensibilisation à l’arrêt du tabac. C’est le conseil minimal antitabac. Celle-ci consiste à ne poser qu’une seule question : « Quand arrêtez-vous de fumer ? ». Des études ont montré que la consultation à minima avait comme effet d’être suivie dans l’année de 4% d’arrêt du tabagisme.
Il n’est plus possible en 2007 de prescrire une prémédication systématique par benzodiazépine pour tous les patients. La prémédication doit être adaptée, c’est-à-dire le plus souvent possible : pas ou peu de prémédication ou quasi placebo.
Il n’est plus licite d’utiliser les benzodiazépines pour provoquer une amnésie de la situation. La prémédication peut toujours se faire au bloc opératoire selon l’anxiété du patient après avoir accueilli le patient et avoir établi un lien avec lui. De plus, quelle est la valeur d’une nouvelle information donnée au patient alors qu’il est sous l’influence d’une benzodiazépine ?
Dans notre expérience quotidienne, cette attitude de pauci-prémédication est tout à fait satisfaisante.