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Addiction et résilience: Contradiction ou contre-addiction ?


Pr Gérard Ostermann. Comme le pointe de façon très pertinente Isabelle Varescon, de prime abord les termes addiction et résilience paraissent avoir peu de choses en commun. Ils auraient même tendance à s’opposer





« Le premier renvoie à l’excès, au manque de contrôle, à la répétition de la conduite, à la dépendance dont on connaît bien les effets délétères. Le second s’entoure d’un vocabulaire plus positif : dépasser des situations de vie aversives, surmonter les traumatismes, avancer malgré les difficultés, rebondir. »

Il suppose l’existence de ressources personnelles. L’addiction est marquée par la dépendance à un objet matériel ou à une conduite, et se caractérise par sa persistance en dépit des conséquences négatives. Regroupées sous le terme d’addiction se trouvent des con - duites diverses et complexes touchant l’individu dans sa globalité somatopsychique, mais également dans son rapport au monde et à autrui.

L’addiction, c’est une recherche compulsive de sensations dont on sait bien qu’elle peut prendre des formes multiples. Nous rejoignons Aviel Goodman qui définit l’addiction comme le fait de mettre une sensation à la place d’une émotion, émotion incontrôlable parce que liée à une relation vécue comme pathogène. Pour comprendre l’addiction, il est essentiel d’avoir à l’esprit que l’addiction a été une solution avant d’être un problème et entendre au premier sens du terme les paroles des patients lorsqu’ils expriment : « c’est plus fort que moi ».

Les maladies addictives, et l’alcoolisme en particulier, présentées comme pathologies du lien laissent peu de place dans l’imaginaire des soignants – non spécialisés –, comme dans celui des patients, à une possibilité de reprendre un nouveau développement, à sortir d’un devenir tracé d’avance, et ce notamment en raison des représentations négatives qui contaminent soignants et patients en les enfermant dans le « qui a bu boira ». La clinique nous invite à relire la trajectoire surprenante de ces patients qui ont contre toute attente réussi leur vie professionnelle et surtout personnelle.

Ce processus décrit par Boris Cyrulnik sous le terme de résilience, « l’art de naviguer dans les torrents », questionne la place et la fonction des « tuteurs de résilience », ainsi que sur les facteurs de résilience et d’antirésilience. La maladie alcoolique est une pathologie du lien, et la résilience, cette capacité de reprendre un nouveau développement après un ou plusieurs traumatismes, met précisément l’accent sur le lien. On ne devient pas résilient tout seul, le processus de résilience s’étaye sur la relation à l’autre, y compris par le regard de l’autre. La résilience est souvent décrite comme un processus s’accomplissant en deux temps. D’abord parer au plus pressé en se défendant efficacement contre la source de stress (ce que la psychologie cognitive nomme le « coping »). Ensuite, dans une perspective à long terme, assumer les faits, leur donner un sens et les intégrer dans son histoire personnelle, passer du « pourquoi ? » au « pour quoi ».

C’est cette seconde étape, de reconstruction, qui est plus spécifiquement appelée résilience. Envisager la résilience comme la construction, voire la reconstruction d’un bouclier protecteur filtrant est directement lié à cette notion du tissage du lien. Comme l’indique Marie Anaut, du côté des addictions, la clinique montre de nombreux exemples de témoignages d’individus, anciens dépendants, qui relatent des rencontres avec des personnes qui les ont aidés à s’en sortir (amis, éducateurs, soignants…). Dans le parcours des anciens addicts, on note un nombre important de sujets ayant vécu des lourds traumatismes qui disent avoir rencontré une personne, ou un réseau d’entraide, qui ont constitué des points d’étayage qui leur ont permis de continuer à vivre et surtout de changer leur parcours de vie.

C’est en termes de confiance inconditionnelle que les patients décrivent la nature très particulière de ce soutien et de ce lien. Ainsi, l’évolution conceptuelle qui a permis de passer du catégoriel au dimensionnel, a été contemporaine d’un abandon d’une réflexion binaire laissant place à l’approche qualitative centrée sur la qualité de vie.

 Facteurs de résilience et d’anti-résilience 

La résilience n’est pas une simple adaptation et/ou une résistance aux épreuves ni une « suradaptation » réservée à des personnes « exceptionnelles »… ni l’apanage d’individus insensibles aux traumatismes, au stress ; supposés « invulnérables ».

Tous les individus sont dotés d’un potentiel de résilience, mais celui-ci est différemment développé suivant les personnes, les contextes de vie et les environnements. Loin d’être une cicatrisation miraculeuse ou magique, cette capacité de résilience est possible lorsque plusieurs facteurs sont réunis.

Les facteurs avant le trauma : l’attachement sécure, qu’il faut avoir acquis dès les premiers mois de la vie ; la mentalisation, la représentation d’images et de mots afin de pouvoir raconter les choses. Structure du trauma (pendant) : lorsqu’une agression est extrafamiliale, elle est beaucoup moins dure à supporter et la résilience est moins difficile ; lorsqu’elle est intrafamiliale, la résilience est plus difficile. La personne agressée n’a plus de repère, plus de confiance, elle est culpabilisée et rendue complice car ne peut en parler, et donc s’attribue la faute, et ce d’autant plus que des tentatives de parole auront été interdites, sous-estimant la gravité du geste voire niant la véracité des faits.

Résilience après le traumatisme : le soutien verbal, le travail de représentation de la blessure, qui est un travail de maîtrise de ce qui est arrivé ; le soutien non verbal, qui peut être une présence bienveillante sans obligation de parler.

Les capacités adaptatives et les capacités à penser ne peuvent être mises en jeu qu’à partir de liens significatifs avec un environnement dans lesquels l’individu va pouvoir rencontrer ce que Boris Cyrulnik nomme les « tuteurs de résilience ».

A l’inverse, la résilience est fortement entravée par trois types de facteurs6. La honte : un très fort sentiment de honte issu d’un traumatisme peut être un facteur empêchant la résilience car le honteux ne s’exprime pas, ne partage pas ses émotions et ne pourra donc pas trouver les « tuteurs » précieux pour amorcer le virage vers la réparation. Cet abjecteur de conscience est une quasi-constante chez l’alcoolique. Jean Maisondieu avait d’ailleurs proposé comme sous-titre à son célèbre ouvrage Les alcooléens, « sans la honte, ils ne boiraient pas, sans le mépris, ils guériraient ». Cette approche est d’autant plus pertinente qu’elle sous-entend une honte qui précéderait la consommation d’alcool et pourrait même en être l’origine.

La solitude : il y a chez les alcooliques une incapacité à être seul. Les addictions permettent au sujet de se sentir exister alors qu’il se sent menacé de disparition psychique, lorsqu’il éprouve de tout son être cette solitude. Ce vide qui fait défaut est lié aux expériences précoces de solitude menaçante et d’anéantissement. Le non-sens : l’impossibilité de donner du sens à l’histoire traumatique que l’alcoolique a pu vivre l’empêche d’en sortir.

La mentalisation ou symbolisation est justement ce travail d’images et de mots qui permet de changer de regard sur son histoire et donc corrélativement de changer d’attitude. « La mentalisation est la capacité à traduire en mots, en représentations partageables, les images et les émois ressentis pour leur donner un sens communicable, compréhensible pour l’autre et pour soi d’abord ».

C’est l’avance de la parole au travers de l’alliance thérapeutique qui permet à la personne de donner naissance à son histoire. Cette avance de la parole permet aussi de faire l’économie de « l’aveu », aussi inutile que douloureux et humiliant. Pour parler de résilience, il faut qu’il y ait eu traumatisme, mais peut-on s’accorder sur la définition du traumatisme ? Le psychotraumatisme est-il constant chez l’alcoolique ? Les blessures de la vie, les pertes, les ruptures, les traumas, sur fond plus ou moins accentué de maltraitances et carences précoces, mettent à mal notre narcissisme et nos relations objectales.

Si l’on écoute Boris Cyrulnik : « Pour pouvoir parler de traumatisme il faut “avoir été mort”, pour reprendre l’expression employée par des écrivains comme Primo Levi, Jorge Semprun [rescapés des camps d’extermination nazis] ou la chanteuse Barbara [victime d’inceste de la part de son père], ainsi que par beaucoup de personnes que j’ai accompagnées. » 

D’autre part, selon la psychanalyste Anna Freud : il faut frapper deux fois pour faire un traumatisme : une fois dans le réel (c’est l’épreuve, la souffrance, l’humiliation, la perte) et une fois dans la représentation du réel et le discours des autres sur la personne après l’événement, ce qui nous invite à distinguer ce qui fait traumatisme pour le patient de l’idée a priori du traumatisme.

Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis définissent le trauma ou traumatisme psychique comme un événement de la vie du sujet qui se définit par son intensité, l’incapacité où se trouve le sujet d’y répondre adéquatement, le bouleversement et les effets pathogènes durables qu’il provoque dans son organisation psychique. Cette définition inclut le terme d’événements et cela est tout à fait pertinent pour comprendre ensuite le processus de résilience.

Comme le souligne Michèle Monjauze, il est possible que certains enfants qui ont subi des traumatismes, cumulatifs ou non, dans l’enfance, aient gardé des angoisses permanentes jusqu’à ce que, l’âge le permettant, ils puissent enfin trouver un apaisement dans l’alcool. Parmi tous les alcooliques rencontrés, un très grand nombre rapportent au cours du recueil de l’anamnèse des traumatismes subis dans l’enfance.

Une histoire d’alcool peut s’originer dans une simple humiliation de l’enfance et qui peut constituer un véritable traumatisme. Il n’y a pas de barème dans l’échelle des traumatismes ! Lorsque ces traumatismes semblent faire défaut, c’est souvent que la honte a empêché leur dévoilement. Il faut un certain temps de relation confiante avant cela. Les traumatismes cumulatifs sont moins évidents à déceler.

Une erreur qui circule dans les milieux de soins consiste à croire que lorsque la cause de l’angoisse est découverte, verbalisée, le problème est résolu.

Ne sous-estimons pas, à ce niveau, la fréquence d’événements venant expliquer voire justifier la consommation excessive d’alcool aux yeux du thérapeute, de l’entourage et surtout du principal intéressé... Tout se passe comme si avoir une « bonne raison » de boire rendait la consommation plus acceptable. Cette idée fausse vient probablement d’une mauvaise extrapolation des théories freudiennes de la névrose : si le traumatisme est survenu chez un sujet après l’acquisition de la parole, et que la personnalité de ce sujet a été avant le trauma suffisamment bien structurée, une psychothérapie longue pourra vraisemblablement de cette manière permettre la cicatrisation. Mais, en ce qui concerne les alcooliques, un trauma, même tardif, réactive des traumatismes précoces. L’angoisse liée au trauma conduit à l’alcoolisation qui est une défense préverbale, archaïque même. A cause de cet archaïsme, le trauma des alcooliques ne peut pas être abordé par une psychothérapie verbale avant que la personnalité soit suffisamment rétablie, ce dont témoignerait une abstinence acquise. Ce n’est peut-être pas tant le verbal que la confrontation au silence qui doit être interrogée.



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Rédigé le 17/05/2020 à 22:02 | Lu 1017 fois | 0 commentaire(s) modifié le 27/02/2024





Laurent Gross
Florent HAMON. Hypnothérapeute, Praticien EMDR, Infirmier anesthésiste à Paris. Chargé de Formation... En savoir plus sur cet auteur

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