Troubles attentionnels et hypnose orientée vers la solution


Par Dominique FARGES-QUÉRAUX, neuropsychologue, et Hervé FISCHER, pédopsychiatre
Association A.C.T.I.I.F (Association corrézienne pour des thérapies innovantes et des interventions familiales) à Brive.
Revue Hypnose & Thérapies Brèves, Hors-Série n°2



Il était tentant pour des praticiens de l’hypnose travaillant avec des enfants de l’utiliser avec ceux qui présentent des troubles de l’attention. Une idée fréquemment exprimée étant que ces enfants sont « dans les nuages » ou « dans la lune », peut-on estimer qu’ils sont alors en état d’hypnose ?

Notre propos sera d’abord de préciser les termes d’attention et de concentration. Puis de présenter ce qu’ont fait les grands praticiens de l’hypnose et nos façons d’utiliser l’hypnose dans ces cas. Pour enfin tenter de répondre à la question de l’efficacité de l’hypnose orientée vers la solution (HOS) dans ces difficultés en nous appuyant sur les relations entre l’attention/ concentration et l’hypnose.

LES DÉFINITIONS : ATTENTION ET CONCENTRATION

Il semble difficile de trouver dans la littérature une définition consensuelle des termes d’attention et de concentration, car ces concepts croisent des domaines très variés comme la psychologie, la neurobiologie, les neurosciences. Pour l’attention, nous pourrions retenir la distinction suivante :

- L’intensité : la vigilance ou la conscience-attention, ou le fait d’être en état de veille (par opposition à l’état de sommeil). Nous pourrions également parler d’attention soutenue qui permet de maintenir une attention globale et qui correspond à la capacité de maintenir un état d’éveil lors de tâches monotones et longues. Et l’alerte, qui caractérise l’état de préparation du sujet avant le traitement de l’information, elle est non spécifique et facilite le traitement intersensoriel.

- La sélectivité : le premier degré d’attention correspond à la focalisation de l’attention sur une cible ; le second à la division ou au partage de l’attention sur plusieurs tâches.

Pour Conners (1999), l’attention oscille d’un état où elle est si focalisée que le sujet est insensible à tout ce qui l’entoure, à un état où elle est si relâchée que la moindre chose le distrait. Nous n’avons constaté aucune apparition du mot concentration sur les 18 critères du DSM-IV, ni dans les échelles de Conners qui sont utilisées par la majorité des cliniciens pour établir un diagnostic de trouble de l’attention. Le DSM-4 sous le titre trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (sigle TDAH) distingue trois types : mixte, inattention prédominante, hyperactivité-impulsivité prédominante.

Guy Falardeau, pédiatre canadien, est à l’origine d’une autre distinction. L’hyperactivité réside dans la difficulté à maintenir l’attention. Pour le lunatique, le problème se situe sur le plan de la focalisation, de la mobilisation de l’attention, autrement dit de la concentration. Pour nous le mot concentration renvoie à la focalisation que nous distinguons du mot attention qui renvoie à l’attention soutenue. Néanmoins, nous avons constaté que les enseignants comme les parents emploient indifféremment les termes concentration ou attention. Les enfants utilisent surtout le mot concentration. En bons disciples d’Erickson, nous emploierons comme eux indifféremment ces deux termes lors de nos séances.

LIENS AVEC LITTÉRATURE

François Roustang cite Jay Haley dans Zen and the art of therapy : « Erickson, qui se situe souvent à la limite du cocasse, a raconté avoir hypnotisé un golfeur pour qu’il “vive uniquement dans le moment présent et puisse ainsi porter toute son attention sur un coup à la fois. Lors de son prochain parcours, il fut seulement conscient réde chaque coup. Au seizième trou, alors qu’il réussissait sa meilleure performance, il ne connaissait pas son score et ne savait pas à quel trou il en était”. » Et Roustang de conclure : « Image de ce qu’une concentration dans le présent peut donner d’efficacité à l’action. » Nous n’avons trouvé chez Erickson aucun cas d’enfant mentionnant des difficultés attentionnelles.

Par contre, dans le tome I des Collected papers, Erickson parle d’attention réactive pour définir la capacité d’une personne à être hypnotisée. Dans son livre Métaphores et suggestions hypnotiques, Corydon Hammond cite de nombreux auteurs qui depuis 1962 ont tenté de démontrer l’efficacité de l’hypnose dans l’amélioration de la concentration. Il semble qu’il y ait autant d’études qui confirment que d’études qui infirment cette efficacité. Néanmoins, dans cet ouvrage des auteurs comme E. R. Oetting (1964), David M. Wark (1989) utilisent la « transe éveillée ou vigile » : technique d’autohypnose par focalisation externe sur les éléments de l’environnement du sujet comme la feuille de papier, le dossier de la chaise, etc.

Karen Olness et Daniel Kohen, pédiatres américains ayant contribué à faire connaître et utiliser l’hypnose avec les enfants, consacrent un chapitre aux troubles de l’attention dans leur ouvrage Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant. Citant Crasilneck et Hall en 1975, ils ne pensent pas que l’hypnose puisse constituer un « traitement primaire pour les troubles de l’attention ». Par contre, elle peut participer à améliorer les conséquences de ce trouble et notamment l’anxiété, la perte de l’estime de soi, les difficultés relationnelles ou l’attitude négative envers l’apprentissage. Ils citent des auteurs présentant des études de cas, souvent uniques, améliorées par des séances d’hypnose traditionnelle. Les résultats sont difficiles à évaluer tant par le petit nombre de cas considéré que par les critères utilisés.








Rédigé le 24/07/2018 à 01:05 | Lu 602 fois | 0 commentaire(s) modifié le 23/09/2018




Présidente de France EMDR-IMO, Psychologue, Psychothérapeute, Hypnothérapeute et Formatrice en… En savoir plus sur cet auteur
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