René Magritte: l'art au service de l'hypnose


Par le Dr Elisabeth PERNELLE, Praticien Hospitalier au C.H. de Royan



Un chapeau melon et une cravate, un pardessus sombre sur une chemise blanche, silhouette parfois multipliée à l’infini de face ou de dos, tombant parfois du ciel comme une pluie dans “Golconde’’ ou regroupées en grappe devant une fenêtre pour d’improbables’’ Vendanges’’, voici René Magritte.

Un chapeau melon et une cravate, un pardessus sombre sur une chemise blanche, silhouette parfois multipliée à l’infini de face ou de dos, tombant parfois du ciel comme une pluie dans “Golconde’’ ou regroupées en grappe devant une fenêtre pour d’improbables “Vendanges’’, voici René Magritte. Plébiscité par les adolescents qui tapissent les murs de leurs chambres de ses posters, cloné par les publicitaires, exposé dans tous les musées d’art moderne du monde, Magritte nous a laissé un héritage artistique conséquent.

Les critiques artistiques semblent avoir tout dit de lui, pourtant une facette de sa personnalité mérite d’être examinée plus attentivement : celle de Magritte, le magicien, l’enchanteur, le thérapeute.

René Magritte, né à Lessines en 1898 et décédé à Bruxelles en1967, a fait ses études à l’Académie de Bruxelles. Il y a développé une activité influencée par les recherches d’avant-garde comme le futurisme, le cubisme, l’orphisme, l’expressionnisme. En 1923, il découvre la peinture de Giorgio De Chirico et s’approche ainsi peu à peu des idées du surréalisme.

Plus qu’un nouveau style, le surréalisme est une nouvelle attitude face à la vie, à partir des théories freudiennes réhabilitant l’inconscient, le rêve et l’imagination, l’automatisme psychique. Le hasard est promu comme principe régulateur de la vie et de l’art, au-delà de la raison et de la logique. Dès 1925, peintres et poètes signent un manifeste affirmant le surréalisme comme moyen de libération de l’esprit et de tout ce qui lui ressemble. Peintres, sculpteurs, poètes se proposent de mettre en commun un même idéal ; parmi eux : De Chirico, Klee, Arp, Ernst, Man Ray, Picasso, Miro, Roy, Pellan. Le surréalisme diffuse son influence en Europe dès 1925 avec Magritte et Delvaux en Belgique , Sima et Stirsky en Tchécoslovaquie, Brauner et Hérold en Roumanie, Belmer et Oelze en Allemagne, Dali en Espagne, Savinio en Italie …

En 1926, Magritte correspond avec André Breton et le groupe parisien, et séjourne à Paris de 1927 à 1930. André Breton exigeait pour chacun d’eux un engagement complet qu’il soit poétique, politique ou littéraire. Il fallait selon André Breton une discipline militante vis-à-vis de l’univers “des champs magnétiques’’. Le groupe surréaliste belge affichant une superbe indépendance face aux mots d’ordre de Paris, en peintre libre, Magritte rentre définitivement en Belgique en 1930. Magritte refusa tout symbolisme académique dans sa peinture et prit ses distances vis-à-vis de la psychanalyse. Pourtant on retrouve dans son style tous les éléments du courant de pensée surréaliste, mais plus encore : ses tableaux s’ouvrent sur un monde mystérieux recréant le climat du rêve, transformant par ses images paradoxales la banalité du quotidien en paysage de l’âme.

MAGRITTE MONTRE LE CHEMIN AUX HYPNOTHÉRAPEUTES

Le chemin parcouru par Magritte dans toute sa carrière semble avoir suivi celui de l’évolution des sciences cognitives. Magritte, précurseur, exprime sa volonté de représenter sur ses toiles la vie éveillée qui est la traduction du rêve comme le rêve est la traduction de la vie éveillée. Il, souhaite interpeller chacun de nos sens : la vue qui ne peut qu’être troublée en regardant « Le faux miroir », l’ouïe est sollicitée avec « Un peu de l’âme des bandits » magnifique violoncelle en équilibre sur le col cassé d’un musicien invisible, mais c’est aussi l’ odorat avec le parfum subtil de la rose qui emplit toute une pièce dans « Le tombeau des lutteurs », le goût par ces représentations alimentaires comme celle de « La légende dorée » baguette de pain croustillante apte à déclencher plus d’un réflexe salivaire, le toucher enfin avec la représentation de cette main près de ce rideau de velours de théâtre dans un collage vers 1966.

Bien ancré dans le présent et dans la réalité grâce à cette sollicitation des sens, le rêve et la poésie vont alors plus facilement toucher le spectateur avec plus d’intensité.

Pour Magritte ce n’est pas ce que le tableau montre qui est important c’est ce qu’il suggère. Les images sont des portraits d’idées et non des portraits d’objets ou d’individus.





Rédigé le 31/07/2018 à 13:51 | Lu 541 fois | 0 commentaire(s) modifié le 31/07/2018




Rédactrice de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves Web. Chargée de Communication au sein des… En savoir plus sur cet auteur
Dans la même rubrique :