Peut mieux faire ! La dépression à l'école.


Par Amer SAFIEDDINE, Orthophonie neuro-sensori-motrice. Hypnose.
Revue Hypnose & Thérapies Brèves, Hors-Série n°5
Orthophoniste multi-tâches, Amer Safiéddine est en première ligne pour aider les enfants à s'exprimer. Bien souvent, il butte malheureusement sur un obstacle : l'EDES (État Dépressif de l'Enfant Scolarisé)



DÉFINITION :

Nous entendons par dépression la perte ou la diminution de l’énergie vitale et positive, mentale, psychique et physique chez un individu. Cet état peut être momentané, situationnel, de longue durée, voire permanent. Chez d’autres, il peut apparaître sous la forme d’une instabilité, d’une hyperactivité ou d’un trouble du comportement.

Avant d’être permanent, l’EDES est un état qui se reconnaît par un sentiment d’abattement récurrent, de résignation et de tristesse propre à l’enfant scolarisé. C’est cet enfant qui semble comme “vidé” de son énergie, ou dans un état d’excitation excessive dès l’instant où il est en contact avec une idée ou une action scolaire. Cet état disparaît souvent hors contexte scolaire ou de pression de nature scolaire.

SYMPTÔMES :

Ils sont divers, de nature technique, émotionnelle ou comportementale.

Symptômes techniques :

- Difficultés scolaires

- Troubles de l’attention

- Troubles de la mémoire

Symptômes émotionnels :

- Anxiété, stress

- Troubles du sommeil (peurs, cauchemars...)

- Maux de ventre

- Maux de tête

- Troubles alimentaires

- Phobie de l’école

–Tristesse

- Tics et tocs

Symptômes comportementaux :

- Surexcitation

- Hyperactivité

- Troubles relationnels avec ses congénères (agressivité, violence, isolement…)

- Troubles du comportement avec les adultes (relation conflictuelle à l’autorité, mensonges, transgressions, violence...).

THÉRAPIES :

Avec une approche orthophonique globale, posturale, neuro-sensori-motrice et émotionnelle, un diagnostic différentiel est posé dès le départ pour déterminer (autant que faire se peut) le cadre étiologique des difficultés de l’enfant venu consulter. Elles peuvent être génétiques, cognitives, neuro-fonctionnelles, psycho-sociales ou émotionnelles. Chacune orientera évidemment la thérapie proposée.Je ne développerai ici que la partie relative à une approche hypnotique et de thérapie brève.

I. L’aide aux parents :

Dans une démarche juste, humaniste et systémique, il est bien entendu inenvisageable d’aider un enfant sans aider ses parents. Contrairement à l’idée largement répandue dans les milieux thérapeutiques, je considère les parents comme les meilleurs alliés de leur enfant et du thérapeute. Ils ne sont donc pas confinés dans leur rôle de chauffeurs, attendant patiemment dans la salle d’attente que le thérapeute et leur enfant aient fini leur travail dans le “no man’s land” du jardin des soins. Si le secret a parfois sa place, celle-ci doit être limitée et non systématisée et dogmatisée.

Les outils que je vais mettre à leur disposition seront de trois natures : technique, comportementale et émotionnelle.

a) l’aide émotionnelle : légitimer, déculpabiliser et recadrer.

Légitimer : à l’enfant devant ses parents je vais dire « Tu as bien fait d’avoir développé ton problème, autrement tes parents n’auraient pas pu savoir comment tu penses et agis de façon si particulière ».

-Déculpabiliser : aux parents devant l’enfant je vais dire « Vous êtes des parents formidables, et personne d’autre que vous ne peut mieux aimer et comprendre votre enfant, surtout quand il est en difficulté. Plutôt que de chercher votre responsabilité dans l’installation de ces difficultés, je vous propose que l’on travaille ensemble à les résoudre ». Le cadre est posé.

-Recadrer : aux deux l’on va convenir d’un objectif scolaire réaliste, réalisable et confortable, par exemple 12 de moyenne dans telle ou telle matière. Si le niveau actuel est de 8, cela correspond à objectif réalisé à 66%, ce qui n’est pas négligeable, et remet le 8 dans une dynamique positive.

b) l’aide comportementale : seule l’efficacité est recherchée.

« Nous allons désormais mobiliser notre énergie à être exclusivement efficaces. Les cris, les remontrances, les remarques blessantes, les reproches répétitifs seront bannis de votre vocabulaire quand vous travaillerez avec votre enfant ». Aussi, je vais leur transmettre de façon adaptée, un lexique nouveau que l’on utilise en hypnose : les mots positifs, les verbes mobilisateurs, etc.

c) l’aide technique : s’adapter et transformer. Nous savons tous que, malgré ses efforts, le système scolaire reste une formidable machine à broyer la créativité et la particularité de beaucoup d’enfants. Cela explique l’augmentation considérable de la population des DYS (lexiques, orthographiques, praxiques, phasiques, etc.).

Le système d’apprentissage à l’école, dès la fin des classes maternelles, n’est plus du tout intéressé par le corps de l’enfant, ni son plaisir, ni son système sensoriel, ni ses représentations. Le CP sonne le glas du cerveau droit. On cesse de plaisanter, et on passe aux choses sérieuses. Et l’on ne cherche plus qu’une porte d’entrée dans la tête des enfants : le cerveau gauche.

J’entends évidemment par cerveau gauche : notre système rationnel, et par cerveau droit notre système créatif, qu’ils soient à droite ou à gauche ou inversement... ceci n’a pas d’importance comme nous ne le savons pas bien par ailleurs...

En attendant que le système change, il nous faut nous y adapter. Comment adapter le système scolaire à soi ?

Un transformateur ou un adaptateur a pour mission de modifier la puissance reçue par le réseau en une puissance acceptable par l’appareil récepteur. Qui peut mieux jouer ce rôle que les parents, en relation quotidienne avec leur enfant ? En laissant passer les informations reçues, du cerveau gauche vers le cerveau droit, pour repartir vers le cerveau gauche.

Par exemple, si l’on parle du verbe à l’infinitif à l’école sans que l’enfant n’ait pu se l’approprier selon ses propres représentations, le rôle du thérapeute c’est d’autoriser les parents à aider l’enfant à imaginer et créer autour de l’infinitif. Je pense ici à Jérémy, qui dans cette démarche, se représentait l’infinitif sous la forme d’un dieu créateur (du verbe et du mouvement) que je lui ai demandé aussitôt de dessiner. Ainsi en classe, lorsque la maîtresse parlait de l’infinitif (cerveau gauche), lui l’adaptait et le transformait automatiquement (comme s’il le traduisait) en son dieu créateur (cerveau droit).

Ceci requiert un esprit audacieux et une gymnastique régulière permettant à l’enfant une réactivité rapide, exactement comme celle nécessaire à une traduction simultanée.

II. L’aide à l’enfant :

a) Aide technique d’inspiration hypnotique :

Exemples :

Utiliser le langage sensoriel (VAKOG) propre à chaque enfant par des verbes mobilisateurs : - Lorsque je travaille la grammaire avec un kinesthésique, je vais engager un langage actif : « Bouge le verbe courir au passé composé », plus dynamique que « Mets ce verbe... ».

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“Dépression et après ?“ Edito de Patrick Bellet.
“Un enjeu anthropologique“ Introduction de Thierry Servillat
“L’Acédie. L’extinction de la voie intérieure“. Jacques-Antoine Malarewicz
“Lorsque la dépression paraît… Premiers soins maternels“. Armelle Touyarot
“Peut mieux faire ! Ou comment déprimer à l’école. Orthophoniste multi-tâches, Amer Saffiédine
“De la couleur avant toute chose. Sept modèles de changement dans la dépression“. Claude Virot
“Comment ne plus déprimer. De la loyauté à la dépression“. Bruno Dubos
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“L’avenir de la psychothérapie en hypnose“. La rubrique Humeur de ce n° a été confiée à Stephen Lankton, rédacteur en chef de l’American Journal of Clinical Hypnosis. Il nous interroge sur « la preuve scientifique » et « le bon sens » dans le domaine de l’hypnose. Traduction d’Armelle Touyarot.

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Rédigé le 02/08/2018 à 21:41 | Lu 459 fois | 0 commentaire(s) modifié le 02/08/2018




Sophie Tournouër, Psychologue clinicienne, Hypnothérapeute et Thérapeute Familiale. praticienne… En savoir plus sur cet auteur
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