La douceur des cailloux. Éditorial de Gérard OSTERMANN


« La douceur est invisible. » Marc AURÈLE



Magali Farrugia et deux collègues infirmières, Jenyfer Kennis et Yolaine Bocahu, de l’équipe mobile d’une unité de soins palliatifs, au centre hospitalier de Bligny (Essonne), ont magnifiquement démontré la puissance de la douceur. A l’instar de Marie Arnaud, « je ne pense pas qu’on puisse passer de la douleur à la douceur, mais on peut aider le patient, figé dans sa douleur, à se remettre dans le mouvement de la vie ». Pour Aristote, la puissance est la capacité d’un être à grandir dans son devenir. Si une graine contient l’arbre en puissance, dans sa réalité matérielle rien ne permet de le discerner. La douceur évoquée dans cette observation est le fruit d’une belle alliance thérapeutique avec recours à l’imagination créatrice et la dimension poétique.

Alors dans cette dimension d’autohypnose, je me suis laissé aller à évoquer la douceur des cailloux : « Dans les chemins poussiéreux / S’étend devant mes pas / Un océan de galets, doux et apaisants / Leur beauté singulière en mon cœur résonne /

“La douceur des cailloux”, une merveille éternelle / Leurs formes diverses, polies par le temps / Leurs couleurs chatoyantes, empreintes d’un mystère / Chacun d’entre eux me conte une histoire / Un fragment de l’univers, un écho de la vie / Sous mes pieds, ils s’enlacent, tels des amoureux / Leurs tendres étreintes, une danse céleste / Ils murmurent des secrets à l’oreille du vent / Et bercent mon âme de mélodies enivrantes / Leurs petites caresses, je les sens sur ma peau / Une douceur infinie, un baume pour les maux / Ils apaisent mes tourments, font fondre mes soucis / Et m’enveloppent d’une quiétude infinie / Les cailloux sont les gardiens de l’éternité / Leur douceur immuable en est la clé / Ils nous rappellent la force de la nature / Et nous enseignent la grandeur de la pureté / Alors, laissez vos pas vous guider vers ces trésors / Ces joyaux oubliés qui vivent dans l’ombre / Et laissez-vous envelopper par leur douceur / Pour un instant suspendu, un doux baiser de bonheur. »

« De deux choses lune, l’autre, c’est le soleil. » Jacques PRÉVERT, Paroles

Compatir, « souffrir avec », c’est éprouver avec l’autre ce qu’il éprouve sans y céder. C’est pouvoir se laisser entamer par autrui son chagrin ou sa douleur et contenir cette douleur en la portant ailleurs. Juliette Heinrich, en s’appuyant sur une longue expérience, nous illustre à travers trois vignettes cliniques que l’usage de l’hypnose dans les situations d’interventions angoissantes ou douloureuses, comme l’examen gynécologique peut l’être, est particulière- ment adapté à la médecine de ville. Si l’on exclut la psychiatrie, il n’y a pas d’autre domaine médical où les facteurs psychologiques aient une aussi grande importance qu’en gynécologie. Les diverses émotions désagréables (anxiété, peur, jalousie, hostilité, etc.) peuvent être responsables d’un grand nombre de symptômes gynécologiques. Dans ce cas, la première fonction de l’hypnose est précisément de redonner au patient son calme et sa sérénité intérieurs. A l’heure où les violences gynécologiques et obstétricales (comportements, actes, paroles ou omissions commis par le personnel de santé qui ne sont pas respectueux des droits, de la dignité et de l’intégrité physique et psychique des femmes) font l’objet d’une médiatisation certaine (3), Juliette Heinrich nous montre avec justesse, à travers ses scripts d’induction, que la dou- ceur a fait pacte avec la vérité et qu’elle est en soi une éthique redoutable à l’opposé de la violence gynécologique dénoncée. Oui, réconcilier ces femmes avec le milieu médical est un facteur essentiel de bien-être et d’adhésion aux soins.

« Le premier obstacle à l’effet de l’expérience de l’hypnose se trouve dans les préjugés des thérapeutes, ou disons plutôt dans leurs certitudes. » François ROUSTANG

Thierry Piccoli, médecin omnipraticien, formé aux thérapies brèves et à l’hypnose (ARePTA, EDP, Gema...), nous propose un kit d’urgence en hypnose. Les ressources peuvent fournir des informations sur les techniques d’hypnose à utiliser dans des situations d’urgence, telles que les urgences médicales, l’anesthésie, l’obstétrique, l’odontologie et la psychiatrie. Les urgentistes formés à l’hypnose considèrent cette technique comme un outil venant compléter leurs options thérapeutiques. Dépassant ainsi le simple but d’in- duire l’hypnose, l’enseignement de la communication thérapeutique amène le praticien à repenser la relation médecin- patient. L’apprentissage de ces techniques fait écho chez les urgentistes qui reconnaissent des éléments déjà présents dans leur pratique. L’utilisation de l’hypnose en situation d’urgence présente plusieurs avantages, notamment :

- gestion du stress : l’hypnose peut aider à réduire le niveau de stress des patients, ce qui peut améliorer leur état de santé général ;

- gain de temps : l’hypnose peut être utilisée pour traiter rapidement les patients en situation d’urgence, ce qui peut réduire les temps d’attente et améliorer les résultats ;

- réduction de la douleur : l’hypnose peut aider à réduire la douleur des patients, ce qui peut améliorer leur confort et leur qualité de vie ;

- facilité d’utilisation : les techniques d’hypnose en situation d’urgence sont simples et peuvent être facilement intégrées dans les protocoles d’urgence des équipes médicales ;

- réduction du recours aux médicaments : l’utilisation de l’hypnose peut ré- duire le recours aux médicaments pour traiter les patients en situation d’urgence.

Cependant, il n’y a pas de kit d’urgence standard pour l’hypnose, car chaque situation d’urgence est unique et nécessite une évaluation individuelle et une réponse adaptée. Tout praticien en hypnose soignante sait que tout commence avec la communication thérapeutique jusqu’à la transe formelle en passant par l’hypnose conversationnelle et l’autohypnose éventuelle. Souvenons-nous bien qu’en urgence, la quasi-totalité des patients sont en transe négative induite par l’événement.

Il n’y a donc pas d’induction hypnotique proprement dite à faire mais simplement à rejoindre le patient dans ce processus de conscience modifiée où l’activité cérébrale est intense et prometteuse si elle est utilisée à bon escient. Recourir à l’hypnose, pour avant tout communiquer et communiquer mieux, plus en harmonie avec le patient, et vivre l’expérience, pour être aussi en transe soi-même et percevoir un élargissement de la con- science et des compétences.

En utilisant cette technique, les urgentistes bénéficient eux-mêmes directe- ment du passage en transe hypnotique et en sont régénérés, et ce d’autant qu’il y règne un stress permanent (sollicitations permanentes, nombre de patients simultanés dans ce contexte d’urgence). L’apprentissage des notions de communication thérapeutique lors de la formation offre par ailleurs aux médecins des solutions pour améliorer la relation avec les patients, désamorcer des situations conflictuelles.

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Rédigé le 19/07/2024 à 17:27 | Lu 2254 fois | 0 commentaire(s) modifié le 19/07/2024




- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies… En savoir plus sur cet auteur
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