L’hypnose dans la relation entre soignant et soigné douloureux.


Hypnose & Thérapies Brèves, Hors-Série n°8
Par Chantal WOOD et Antoine BIOY
Pour conclure, les auteurs récapitulent et résument la place de l’hypnose dans les soins donnés aux enfants douloureux.



Au cours de la première partie de ce numéro, le lecteur a pu progressivement voir comment l’hypnose peut aider l’enfant douloureux. Il est important de souligner que toute approche – et notamment dans ce domaine – possède un préalable, celui d’une relation de collaboration entre le praticien et son jeune patient. Cette alliance peut se construire progressivement ou bien être rapidement présente si, par exemple, l’enfant accorde sa confiance au dispositif d’aide dont il bénéficie, ainsi qu’au praticien à ses côtés. Si on ne peut décider qu’une relation va être empathique ou que la patient va avoir confiance en nous, pour autant certains facteurs influencent ces éléments de qualité relationnelle.

En premier lieu, une présence et une écoute authentique sont fondamentales. On ne le répétera jamais assez : il vaut mieux être authentiquement disponible 10 minutes que passer 20 minutes à côté de l’enfant de façon un peu agitée parce que l’on pense à tout ce qu’il nous reste encore à faire ou aux autres patients à voir. C’est au prix de cette authenticité que l’enfant percevra la bienveillance de nos approches, et qu’il choisira d’y adhérer autant qu’il le pourra.

L’une des singularités du travail auprès des enfants est que la collaboration va de pair avec une nécessaire adaptation à l’âge de l’enfant (âge réel ou âge mental en cas de retard), à son développement cognitif, à ses goûts, à son monde… Mais aussi à une adaptation des supports de l’hypnose et un emploi bien plus important qu’en clinique de l’adulte des outils ludiques voire à médiation artistique et narratifs (dessin, musique, contes, etc.). C’est ainsi que les bulles de savon sont actuellement utilisés dans la plupart des services. La bouteille de MEOPA est souvent déguisée… Les crayons avec des odeurs rendent les masques d’anesthésie moins désagréables et permettent à l’enfant de se familiariser avec ce masque qui a pu lui faire peur.

L’utilisation large de techniques hypnotiques par bon nombre d’équipes pédiatriques a rendu certains gestes thérapeutiques plus ludiques et plus facilement supportables par les enfants et leurs parents. L’inter-réactivité permet aussi à l’enfant d’entendre autre chose et d’éviter une focalisation sur le geste douleur. Par là même, l’intensité de la douleur décroit, et le contexte « plus agréable » fait que le souvenir du geste est autre, évitant ainsi la mise en place de phobies.

C’est au thérapeute de faire cette démarche de structuration ludique à l’autre et de travailler à parler « le même langage » que celui du patient, car l’enfant, surtout petit, n’a pas conscience que l’autre puisse penser de manière différente de lui. Un apprentissage est donc bien nécessaire pour s’adapter au mieux à l’enfant qui est devant nous. Ainsi, grâce à ce travail de synchronisation à l’autre, l’hypnose permet de garder cette relation humaine au coeur de notre prise en charge. Par là même, cela permet au soignant de facilement faire usage de son écoute, de sa créativité, de son intuition clinique, et de rebondir pour répondre au mieux aux attentes de l’enfant.

ANTOINE BIOY
Professeur des universités et directeur de recherches en Psychopathologie et Psychologie Médicale (Université de Bourgogne). Docteur en psychologie clinique. Attaché au CHU Bicêtre. Responsable scientifique de l’Institut Français d’Hypnose. Également responsable du DU d’Hypnothérapie (Dijon), co-responsable du DU « Hypnose en anesthésie » (Paris Sud) et du DU d’hypnose clinique et médicale (St Denis de la Réunion).

CHANTAL WOOD
Médecin pédiatre, anesthésiste-réanimateur, médecin de la douleur au centre de Prise en Charge de la Douleur Chronique du CHU de Limoges. Enseignante (DU et Capacité Douleur, DIU de Soins Palliatifs) et formatrice à l'Institut Français d'Hypnose et l'Association Française d'Hypnose. Traductrice d'Allison Twycross, Antony Moriarty et Tracy Betts. Auteur de : Prise en charge de la douleur de l'enfant : une approche multidisciplinaire, Abrégés Masson, 2002

Commandez ce numéro Hors-Série n°8 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves: “Hypnose & Enfants"

Version papier épuisée de ce numéro, la version PDF est fournie à la place

1ère partie : hypnose pour l’enfant douloureux 
Introduction ; recherches scientifiques clefs, avantages généraux de l’hypnose chez l’enfant douloureux (Chantal Wood) 
Avantages de l’autohypnose et comment la proposer et suivre l’enfant (Isabelle Ignace) 
Illustrations dans l’urgence et dans la durée (Thierry Moreaux) 
Ce que l’hypnose modifie dans la relation entre soignant et soigné douloureux (Chantal Wood) 

2ème partie: l'enfant et le monde 
Déliances de l’enfance, reliances de l’adulte (Armelle Touyarot et Félix Benchimol) 
Histoire de mère, histoire de bébé (Isabelle Stimec) 
Double hommage à D. Stern (Luc Farcy. Stefano Colombo) 
Un père raconte (Jean-Michel Hérin) 
Le monstre dans la littérature fantastique (Didier Lafargue) 
TOC chez l'enfant (Jean-François Marquet) 
Hypnose solutionniste en pédiatrie ambulatoire (Hervé Fischer et Dominique Farges-Queraux) 
De la pratique thérapeutique à l’art de vivre (Isabelle Celestin Lhopiteau) 

3ème partie: l'enfant : un être de projet 
L'importance de la relation en hypnothérapie avec l'enfant (Antoine Bioy, Chantal Wood)) 
Mon Alter Héros (Maxime Lamourette) 

Pour acheter ce numéro de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves à l’unité, ou vous abonner, cliquez ici




Rédigé le 08/08/2018 à 11:36 | Lu 678 fois | 0 commentaire(s) modifié le 08/08/2018




Rédactrice de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves Web. Chargée de Communication au sein des… En savoir plus sur cet auteur
Dans la même rubrique :