Douleur chronique: le patient a toujours raison. André MULLER




Revue Hypnose & Thérapies Brèves, Hors-Série n°1
Responsable depuis près de trente ans d’un « centre anti-douleur », j’ai vu évoluer les conceptions sur la douleur, en particulier la douleur chronique, ainsi que les approches thérapeutiques. Et depuis longtemps, j’ai acquis cette conviction : « En matière de douleur, le patient a toujours raison. »

Initiée par John Bonica aux USA dans les années 1950, la prise en compte de la douleur chronique, en tant qu’entité propre plus qu’en tant que simple symptôme, s’est au fil du temps appuyée surtout sur les acquis des sciences fondamentales (meilleure connaissance des voies nociceptives, découverte des opioïdes endogènes et de leurs ligands naturels, plasticité et sensibilisation des voies de la douleur) et les progrès thérapeutiques qui en ont découlé (techniques neurochirurgicales moins agressives, utilisation plus raisonnée des moyens médicamenteux), avec, à chaque avancée, un effet de mode. En France, bien qu’il existât des structures dédiées à la prise en charge des patients ayant des douleurs chroniques, ce même mouvement a connu une officialisation avec la prise en compte par les politiques dans les années 1990.

De façon schématique, on peut distinguer plusieurs périodes :

- celle des années 1980 avec une prééminence de la place prise par les anesthésistes et les neurochirurgiens, et, de fait, une large utilisation des blocs et des neurolyses

- parallèlement, c’est à cette même époque que les « psys », qu’ils soient d’obédience analytique ou cognitivo-comportementaliste, ont commencé à revendiquer une place dans la prise en charge des patients, reprochant aux somaticiens leur obstination organiciste

- les années 1990 ont été celles du « tout médicament » avec l’apparition de nouveaux opioïdes, conduisant à des administrations indues de morphine, plus pour faire taire une plainte que par réelle efficacité, ce qui rappelle le « morphinisme » du XIXe siècle

- et voici maintenant l’arrivée en force de l’hypnose éricksonienne, laquelle a cette spécificité de sortir des sentiers battus du raisonnement anatomo-clinique sur lequel s’appuie la médecine « rassurante » enseignée aux étudiants, tout en revendiquant une efficacité qui s’appuie sur les avancées de la science (travaux d’imagerie cérébrale qui nous montrent que la parole a des effets sur le système nerveux central, mais qui en doutait !).

ANDRÉ MULLER Professeur agrégé en thérapeutique. Anesthésiste réanimateur. Titulaire de la capacité d’évaluation et de traitement de la douleur. Maîtrise de biologie (pharmacologie, physiologie, mathématiques). DEA de neurosciences. Doctorat de pharmacologie et neurobiologie moléculaire. Formation psychanalytique. Formation à l’hypnose éricksonienne en douleur aiguë. Chef de service du Centre d’Evaluation et de Traitement de la Douleur du CHU Strasbourg. Président du Comité de Lutte contre la Douleur du CHU Strasbourg.




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Rédigé le 17/07/2018 à 18:13 | Lu 559 fois | 0 commentaire(s) modifié le 17/07/2018




- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies… En savoir plus sur cet auteur
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