Pourquoi l’autohypnose chez l’enfant ?
Bien souvent, parents, soignants et enfants se trouvent démunis face à la souffrance d’un enfant. Lorsque les limites des antalgiques sont atteintes, se pose la question d’une aide complémentaire à proposer, qui puisse être efficace et si possible rapide. Que ce soit pour des douleurs aiguës ou pour des douleurs chroniques, il existe des techniques permettant au jeune patient d’apprendre à apprivoiser ses douleurs et ainsi de mieux les vivre. L’autohypnose fait partie de ces pratiques. Son apprentissage, dans le cadre d’un suivi thérapeutique, pourra contribuer de manière nonnégligeable au rétablissement et au mieux-être de l’enfant. Il est parfois déroutant, pour des parents accompagnant leur enfant à une consultation pour des maux de ventre ou des céphalées de tensions, de se voir proposer une prescription d’apprentissage de l’autohypnose.
Plusieurs raisons expliquent cela :
- D’abord, beaucoup de parents sont réticents à aller consulter un psychologue pour traiter une douleur bien réelle, et non pas imaginaire.
- Ensuite, le passage par l’hypnose est parfois difficile tant certains clichés peu avantageux sont tenaces à ce sujet. Notre société accepte que le corps puisse avoir une incidence sur le mental. Par exemple que des maux de ventre puissent mettre de mauvaise humeur. Toutefois, que l’inverse soit possible - c’est à dire que le cerveau arrive à calmer ces maux de ventre - est bien plus difficilement accepté.
- Enfin, s’investir dans la démarche dans l’objectif de devenir autonome est également difficile à intégrer. Tout l’enjeu est de faire comprendre que l’enfant peut avoir un pouvoir d’action sur sa douleur. Par conséquent, l’incidence des propos du médecin (ou du soignant) sur l’acceptation des parents, ainsi que du jeune patient, est colossale.
Voici un exemple d’une proposition habile :
« Ces douleurs que tu décris, un certain nombre de jeunes arrivent à les atténuer en apprenant des techniques d’autohypnose. Souvent, quelques séances permettent de voir si cette approche peut te convenir. Cela fait partie de l’ensemble des outils qu’on utilise à l’hôpital. C’est un complément aux autres traitements. Cela ne t’engage pas dans une thérapie, c’est seulement un moyen d’apprendre des astuces, des façons de pouvoir te battre contre la douleur, à ta façon à toi »
Les avantages de l’acquisition de l’autonomie en thérapie
Malgré les réticences que peuvent avoir certains patients à venir consulter, rares sont les adultes, ou les enfants, acceptant d’endurer une douleur sans jamais pouvoir agir dessus. De même, rares sont les jeunes patients – et leurs parents avec – à avoir l’énergie et les moyens de passer des années en thérapie. C’est pourquoi, l’autonomie du jeune patient est très souvent encouragée. Quatre à dix séances suffisent souvent pour que l’enfant se sente suffisamment armé afin de tenter l’expérience seul. Evidemment, plus l’enfant est jeune, plus l’accompagnement des parents, comme partenaires potentiels de ces techniques, sera d’une aide précieuse. Avant 7 ans, cet accompagnement est bien souvent indispensable. A partir de 7 ans, le passage à l’autonomie peut arriver quand le jeune patient établit une relation apaisée et confiante avec la thérapie, mais aussi avec lui-même. Il réalise alors qu’il a la force en lui de poursuivre son chemin par lui-même. Pour que l’enfant ait envie de s’approprier cette approche de l’autohypnose, il devra, en plus d’avoir établi un bon relationnel avec le praticien, y avoir trouvé son propre intérêt. Dans un deuxième temps, il devra aussi s’y être entrainé de façon plaisante et intéressante en dehors des séances. En aucun cas, l’autohypnose ne peut donc être imposée.
Préambule à l’autohypnose
Avant de faire de l’autohypnose de manière autonome, l’enfant doit bien évidemment s’entraîner avec son hypnothérapeute. Les objectifs de la séance doivent être clairement définis avant l’exercice, afin d’obtenir l’accord de l’enfant, notamment pour être en mesure de lui proposer une alternative dans le cas où il y serait réfractaire. Les objectifs de l’hypnothérapeute sont également liés à l’autonomie du jeune patient, de manière à permettre la meilleure transition possible entre l’apprentissage au sein du cabinet à sa réutilisation de manière autonome. Il s’agit en fait du passage de l’autohypnose dirigée à l’autohypnose par soi-même. Dès que le jeune patient comprend les mécanismes qu’on lui propose et qu’il commence à savoir les utiliser, il pourra alors être libre de repartir avec des « astuces » proposées par le thérapeute ou élaborées à deux lors de la consultation, et de réutiliser celles-ci à sa guise.
Quelques règles de bases proposées à l’enfant pour accéder à l’autohypnose :
1) La première règle est de toujours déterminer un temps en début de séance pour permettre à l’enfant de s’imprégner de la situation.
2) La deuxième règle est de systématiquement se fixer un but, afin que l’issue de la séance soit positive et contribue à améliorer l’état du patient. L’enfant peut par exemple décider de se mettre en état d’autohypnose pour calmer son corps et son esprit ou encore afin de permettre une meilleure attention.
3) La troisième règle est d’apprendre à l’enfant à savoir utiliser des « mots-antidotes ». S’adresser à soi-même de manière positive peut grandement les aider à gérer des situations difficiles. Par exemple, plutôt que de se dire : « Je n’y arriverai jamais » ou « J’ai trop mal », l’enfant va apprendre en autohypnose à se dire : « Je fais de mon mieux » ou « Chaque respiration m’apporte un peu d’apaisement ». Voici deux exemples possibles d’exercices d’autohypnose proposés aux patients : « la bulle » et « le gant magique ».
La bulle par le rapprochement des doigts
C’est une technique que j’apprends presque systématiquement aux jeunes patients. Il s’agit d’installer une bulle, un espace de concentration ou de tranquillité. « Je vais te proposer de joindre tes mains et d’entrecroiser tous les doigts. Puis tu vas mettre tes deux index comme cela (je lui montre), l’un en face de l’autre en les éloignant bien, comme si il y avait deux petits élastiques pour les mettre loin l’un de l’autre… Et puis tu vas poser ton regard entre l’espace qu’il y a entre les deux index et les laisser se relâcher doucement… Et sans qu’il n’y ait rien à faire, les doigts vont se rapprocher un peu tout seuls… Au moment où les doigts vont se toucher… Comme deux petits aimants qui se rapprochent, tu pourras fermer les yeux pour te concentrer sur les sons autours de toi et sur ta respiration… Et puis tu vas pouvoir te trouver une belle bulle de protection (ou de concentration ou de tranquillité, etc.) qui a une taille… Une forme… Une couleur… qui te convient parfaitement, à toi… Quand tu l’auras trouvée, tu pourras me faire un petit signe de tête. Cette bulle, tu peux l’aménager à ta façon. Si tu as besoin de te protéger d’éléments extérieurs, tu peux y ajouter un bouclier ou tout autre chose… Si tu as besoin de faire partir des choses qui viennent de l’intérieur, c’est aussi possible… Je connaissais une personne qui avait installé une cheminée mettant dehors des nuages de fumée… C’est différent pour chacun… Cette bulle tu peux la réutiliser à ta guise, lorsque tu en as besoin, à ta façon, juste avec ce petit geste là ».
Le gant magique
Cette technique, grand classique de l’hypno-analgésie, permet d’obtenir un apaisement aussi bien émotionnel que physique. « Tout d’abord, concentre-toi bien sur ta main. Tu peux regarder ses contours, ses couleurs et poser ton regard à un endroit très précis de ta main. Et puis à un moment tu peux fermer les yeux et demander à ton imaginaire de te donner un beau gant bien protecteur… Quand tu l’auras trouvé, tu me feras un signe avec la tête… Super !… Et puis maintenant, tu vas pouvoir l’enfiler. Quand tu l’auras enfilé tu pourras me faire un signe avec la tête… Super !… maintenant on va demander au gant de devenir un peu magique. Je ne sais pas du tout comment cela va fonctionner pour toi… Remarque comme tu peux sentir des sensations différentes dans cette main : de l’engourdissement, des picotements, de la chaleur, ou toute autre chose… Puis laisse-la devenir toute engourdie, bien protégée. Quand les sensations seront bien différentes, ce sera le signe que le gant fait de l’effet et tu pourras me le signaler, juste pour me le faire savoir… super !… A ce moment-là, tu peux soulever la main et le gant, et laisser le gant magique aller se déposer sur une partie du corps qui en aurait besoin... La main et le gant magique vont pouvoir aller apprendre quelque chose à cette partie du corps qui en a besoin pour lui donner de l’apaisement, ou tout autre chose… Et tu peux laisser la main et le gant le temps qu’il faut pour cela… Voilà, tu peux retirer le gant lorsque le travail du moment est fini et le réutiliser pour toi dès que tu en as besoin. »
Juste après la séance, il est proposé au jeune patient de réutiliser ces techniques tout seul. La séance se transforme alors en exercice d’autohypnose en ma présence silencieuse. L’enfant est invité à reproduire les gestes, mais à sa manière, notamment pour tester sa capacité à reproduire. C’est souvent là que se joue la transition entre l’hypnose dans le cabinet de consultation et l’autohypnose en dehors. Généralement, quelques minutes sont nécessaires à l’enfant pour qu’il reproduise les gestes. Chaque patient pourra les réajuster à son goût : « C’est toi qui est maître à bord, tu es un peu magicien et tu peux transformer mes paroles et images en d’autres paroles et d’autres images pour que cela te convienne mieux lorsque tu les réutiliseras pour toi ».
Par exemple, Nicolas, 12 ans, vient consulter pour des céphalées de tension. Il apprend la technique du gant magique. Quelques séances plus tard Nicolas explique installer « des vibrations dans les bras, pour se détendre, des vibrations qui viennent de la tête, naturellement ». Nicolas s’est en fait complètement réapproprié l’exercice, d’une manière qui lui correspond, qui l’amuse, et qui permet, au final, d’atténuer grandement ses maux de têtes. Il est ainsi passé de vingt crises douloureuses par mois depuis sa petite enfance à deux ou trois de plus petite intensité.
Comment l’autohypnose peut se poursuivre chez l’enfant après la thérapie ?
Comme pour tout nouvel apprentissage, l’enfant devra accepter de s’entraîner, ce qui demande un peu de patience. Cet apprentissage est généralement plus facile pour un enfant ou un adolescent qu’un adulte. En effet, l’hypnose se réfère au monde virtuel auquel le jeune est déjà habitué. Il lui est donc souvent assez facile de transposer cet état de conscience sur les techniques d’autohypnose, mais avec des objectifs qu’il se sera lui-même fixés : diminuer sa douleur, augmenter sa confiance, atténuer son anxiété, etc. Dans ce but, un entraînement est souvent proposé à l’enfant au préalable, en imposant quelques contraintes, afin de tester sa capacité d’autonomie : il pourra ainsi lui être demandé d’inclure amusement, liberté, créativité, rigueur, etc. Pour être autonome, l’enfant devra s’entraîner à l’autohypnose de façon amusante pour lui.
Dans tous les cas, le passage à l’autohypnose ne peut se faire pour un enfant que si on y inclut une dimension ludique. Cela ne doit en aucun cas peser davantage sur sa vie d’enfant, mais au contraire prendre la forme de l’apprentissage d’une nouvelle activité. La rigueur exigée en séance d’entraînement est due au fait qu’il est toujours plus facile de pratiquer l’autohypnose lorsque tout va bien, que lorsque ce n’est pas le cas. Les entrainements sont donc souvent proposées à des moments adéquats : le soir avant le coucher, à un moment de pause (un trajet en voiture par exemple) mais surtout lorsque la douleur est absente ou tolérable. Il est souvent conseillé de pratiquer l’autohypnose le soir, comme un traitement préventif, de la même manière que le passage par la salle de bain pour se brosser les dents est instauré comme une habitude. Une fois que l’enfant aura pris ses marques et maitrisera ses propres techniques d’autohypnose, il sera bien plus apte à pouvoir les réutiliser en situation de crise, de douleur ou d’urgence.
ISABELLE IGNACE
Psychologue Clinicienne et hypnothérapeute. Formatrice depuis plus de 10 ans en hypnothérapie et hypnoanalgésie auprès de soignants, elle a travaillé à l'Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur de l'Hôpital Robert Debré (Paris) pendant 6 ans. Également familiarisée à l’exercice de l’enseignement et de la formation, son expérience clinique est autant hospitalière qu’en pratique libérale où elle exerce au Vésinet (78) pour des soutiens thérapeutiques d'enfants, d'adolescents et d'adultes.
Bien souvent, parents, soignants et enfants se trouvent démunis face à la souffrance d’un enfant. Lorsque les limites des antalgiques sont atteintes, se pose la question d’une aide complémentaire à proposer, qui puisse être efficace et si possible rapide. Que ce soit pour des douleurs aiguës ou pour des douleurs chroniques, il existe des techniques permettant au jeune patient d’apprendre à apprivoiser ses douleurs et ainsi de mieux les vivre. L’autohypnose fait partie de ces pratiques. Son apprentissage, dans le cadre d’un suivi thérapeutique, pourra contribuer de manière nonnégligeable au rétablissement et au mieux-être de l’enfant. Il est parfois déroutant, pour des parents accompagnant leur enfant à une consultation pour des maux de ventre ou des céphalées de tensions, de se voir proposer une prescription d’apprentissage de l’autohypnose.
Plusieurs raisons expliquent cela :
- D’abord, beaucoup de parents sont réticents à aller consulter un psychologue pour traiter une douleur bien réelle, et non pas imaginaire.
- Ensuite, le passage par l’hypnose est parfois difficile tant certains clichés peu avantageux sont tenaces à ce sujet. Notre société accepte que le corps puisse avoir une incidence sur le mental. Par exemple que des maux de ventre puissent mettre de mauvaise humeur. Toutefois, que l’inverse soit possible - c’est à dire que le cerveau arrive à calmer ces maux de ventre - est bien plus difficilement accepté.
- Enfin, s’investir dans la démarche dans l’objectif de devenir autonome est également difficile à intégrer. Tout l’enjeu est de faire comprendre que l’enfant peut avoir un pouvoir d’action sur sa douleur. Par conséquent, l’incidence des propos du médecin (ou du soignant) sur l’acceptation des parents, ainsi que du jeune patient, est colossale.
Voici un exemple d’une proposition habile :
« Ces douleurs que tu décris, un certain nombre de jeunes arrivent à les atténuer en apprenant des techniques d’autohypnose. Souvent, quelques séances permettent de voir si cette approche peut te convenir. Cela fait partie de l’ensemble des outils qu’on utilise à l’hôpital. C’est un complément aux autres traitements. Cela ne t’engage pas dans une thérapie, c’est seulement un moyen d’apprendre des astuces, des façons de pouvoir te battre contre la douleur, à ta façon à toi »
Les avantages de l’acquisition de l’autonomie en thérapie
Malgré les réticences que peuvent avoir certains patients à venir consulter, rares sont les adultes, ou les enfants, acceptant d’endurer une douleur sans jamais pouvoir agir dessus. De même, rares sont les jeunes patients – et leurs parents avec – à avoir l’énergie et les moyens de passer des années en thérapie. C’est pourquoi, l’autonomie du jeune patient est très souvent encouragée. Quatre à dix séances suffisent souvent pour que l’enfant se sente suffisamment armé afin de tenter l’expérience seul. Evidemment, plus l’enfant est jeune, plus l’accompagnement des parents, comme partenaires potentiels de ces techniques, sera d’une aide précieuse. Avant 7 ans, cet accompagnement est bien souvent indispensable. A partir de 7 ans, le passage à l’autonomie peut arriver quand le jeune patient établit une relation apaisée et confiante avec la thérapie, mais aussi avec lui-même. Il réalise alors qu’il a la force en lui de poursuivre son chemin par lui-même. Pour que l’enfant ait envie de s’approprier cette approche de l’autohypnose, il devra, en plus d’avoir établi un bon relationnel avec le praticien, y avoir trouvé son propre intérêt. Dans un deuxième temps, il devra aussi s’y être entrainé de façon plaisante et intéressante en dehors des séances. En aucun cas, l’autohypnose ne peut donc être imposée.
Préambule à l’autohypnose
Avant de faire de l’autohypnose de manière autonome, l’enfant doit bien évidemment s’entraîner avec son hypnothérapeute. Les objectifs de la séance doivent être clairement définis avant l’exercice, afin d’obtenir l’accord de l’enfant, notamment pour être en mesure de lui proposer une alternative dans le cas où il y serait réfractaire. Les objectifs de l’hypnothérapeute sont également liés à l’autonomie du jeune patient, de manière à permettre la meilleure transition possible entre l’apprentissage au sein du cabinet à sa réutilisation de manière autonome. Il s’agit en fait du passage de l’autohypnose dirigée à l’autohypnose par soi-même. Dès que le jeune patient comprend les mécanismes qu’on lui propose et qu’il commence à savoir les utiliser, il pourra alors être libre de repartir avec des « astuces » proposées par le thérapeute ou élaborées à deux lors de la consultation, et de réutiliser celles-ci à sa guise.
Quelques règles de bases proposées à l’enfant pour accéder à l’autohypnose :
1) La première règle est de toujours déterminer un temps en début de séance pour permettre à l’enfant de s’imprégner de la situation.
2) La deuxième règle est de systématiquement se fixer un but, afin que l’issue de la séance soit positive et contribue à améliorer l’état du patient. L’enfant peut par exemple décider de se mettre en état d’autohypnose pour calmer son corps et son esprit ou encore afin de permettre une meilleure attention.
3) La troisième règle est d’apprendre à l’enfant à savoir utiliser des « mots-antidotes ». S’adresser à soi-même de manière positive peut grandement les aider à gérer des situations difficiles. Par exemple, plutôt que de se dire : « Je n’y arriverai jamais » ou « J’ai trop mal », l’enfant va apprendre en autohypnose à se dire : « Je fais de mon mieux » ou « Chaque respiration m’apporte un peu d’apaisement ». Voici deux exemples possibles d’exercices d’autohypnose proposés aux patients : « la bulle » et « le gant magique ».
La bulle par le rapprochement des doigts
C’est une technique que j’apprends presque systématiquement aux jeunes patients. Il s’agit d’installer une bulle, un espace de concentration ou de tranquillité. « Je vais te proposer de joindre tes mains et d’entrecroiser tous les doigts. Puis tu vas mettre tes deux index comme cela (je lui montre), l’un en face de l’autre en les éloignant bien, comme si il y avait deux petits élastiques pour les mettre loin l’un de l’autre… Et puis tu vas poser ton regard entre l’espace qu’il y a entre les deux index et les laisser se relâcher doucement… Et sans qu’il n’y ait rien à faire, les doigts vont se rapprocher un peu tout seuls… Au moment où les doigts vont se toucher… Comme deux petits aimants qui se rapprochent, tu pourras fermer les yeux pour te concentrer sur les sons autours de toi et sur ta respiration… Et puis tu vas pouvoir te trouver une belle bulle de protection (ou de concentration ou de tranquillité, etc.) qui a une taille… Une forme… Une couleur… qui te convient parfaitement, à toi… Quand tu l’auras trouvée, tu pourras me faire un petit signe de tête. Cette bulle, tu peux l’aménager à ta façon. Si tu as besoin de te protéger d’éléments extérieurs, tu peux y ajouter un bouclier ou tout autre chose… Si tu as besoin de faire partir des choses qui viennent de l’intérieur, c’est aussi possible… Je connaissais une personne qui avait installé une cheminée mettant dehors des nuages de fumée… C’est différent pour chacun… Cette bulle tu peux la réutiliser à ta guise, lorsque tu en as besoin, à ta façon, juste avec ce petit geste là ».
Le gant magique
Cette technique, grand classique de l’hypno-analgésie, permet d’obtenir un apaisement aussi bien émotionnel que physique. « Tout d’abord, concentre-toi bien sur ta main. Tu peux regarder ses contours, ses couleurs et poser ton regard à un endroit très précis de ta main. Et puis à un moment tu peux fermer les yeux et demander à ton imaginaire de te donner un beau gant bien protecteur… Quand tu l’auras trouvé, tu me feras un signe avec la tête… Super !… Et puis maintenant, tu vas pouvoir l’enfiler. Quand tu l’auras enfilé tu pourras me faire un signe avec la tête… Super !… maintenant on va demander au gant de devenir un peu magique. Je ne sais pas du tout comment cela va fonctionner pour toi… Remarque comme tu peux sentir des sensations différentes dans cette main : de l’engourdissement, des picotements, de la chaleur, ou toute autre chose… Puis laisse-la devenir toute engourdie, bien protégée. Quand les sensations seront bien différentes, ce sera le signe que le gant fait de l’effet et tu pourras me le signaler, juste pour me le faire savoir… super !… A ce moment-là, tu peux soulever la main et le gant, et laisser le gant magique aller se déposer sur une partie du corps qui en aurait besoin... La main et le gant magique vont pouvoir aller apprendre quelque chose à cette partie du corps qui en a besoin pour lui donner de l’apaisement, ou tout autre chose… Et tu peux laisser la main et le gant le temps qu’il faut pour cela… Voilà, tu peux retirer le gant lorsque le travail du moment est fini et le réutiliser pour toi dès que tu en as besoin. »
Juste après la séance, il est proposé au jeune patient de réutiliser ces techniques tout seul. La séance se transforme alors en exercice d’autohypnose en ma présence silencieuse. L’enfant est invité à reproduire les gestes, mais à sa manière, notamment pour tester sa capacité à reproduire. C’est souvent là que se joue la transition entre l’hypnose dans le cabinet de consultation et l’autohypnose en dehors. Généralement, quelques minutes sont nécessaires à l’enfant pour qu’il reproduise les gestes. Chaque patient pourra les réajuster à son goût : « C’est toi qui est maître à bord, tu es un peu magicien et tu peux transformer mes paroles et images en d’autres paroles et d’autres images pour que cela te convienne mieux lorsque tu les réutiliseras pour toi ».
Par exemple, Nicolas, 12 ans, vient consulter pour des céphalées de tension. Il apprend la technique du gant magique. Quelques séances plus tard Nicolas explique installer « des vibrations dans les bras, pour se détendre, des vibrations qui viennent de la tête, naturellement ». Nicolas s’est en fait complètement réapproprié l’exercice, d’une manière qui lui correspond, qui l’amuse, et qui permet, au final, d’atténuer grandement ses maux de têtes. Il est ainsi passé de vingt crises douloureuses par mois depuis sa petite enfance à deux ou trois de plus petite intensité.
Comment l’autohypnose peut se poursuivre chez l’enfant après la thérapie ?
Comme pour tout nouvel apprentissage, l’enfant devra accepter de s’entraîner, ce qui demande un peu de patience. Cet apprentissage est généralement plus facile pour un enfant ou un adolescent qu’un adulte. En effet, l’hypnose se réfère au monde virtuel auquel le jeune est déjà habitué. Il lui est donc souvent assez facile de transposer cet état de conscience sur les techniques d’autohypnose, mais avec des objectifs qu’il se sera lui-même fixés : diminuer sa douleur, augmenter sa confiance, atténuer son anxiété, etc. Dans ce but, un entraînement est souvent proposé à l’enfant au préalable, en imposant quelques contraintes, afin de tester sa capacité d’autonomie : il pourra ainsi lui être demandé d’inclure amusement, liberté, créativité, rigueur, etc. Pour être autonome, l’enfant devra s’entraîner à l’autohypnose de façon amusante pour lui.
Dans tous les cas, le passage à l’autohypnose ne peut se faire pour un enfant que si on y inclut une dimension ludique. Cela ne doit en aucun cas peser davantage sur sa vie d’enfant, mais au contraire prendre la forme de l’apprentissage d’une nouvelle activité. La rigueur exigée en séance d’entraînement est due au fait qu’il est toujours plus facile de pratiquer l’autohypnose lorsque tout va bien, que lorsque ce n’est pas le cas. Les entrainements sont donc souvent proposées à des moments adéquats : le soir avant le coucher, à un moment de pause (un trajet en voiture par exemple) mais surtout lorsque la douleur est absente ou tolérable. Il est souvent conseillé de pratiquer l’autohypnose le soir, comme un traitement préventif, de la même manière que le passage par la salle de bain pour se brosser les dents est instauré comme une habitude. Une fois que l’enfant aura pris ses marques et maitrisera ses propres techniques d’autohypnose, il sera bien plus apte à pouvoir les réutiliser en situation de crise, de douleur ou d’urgence.
ISABELLE IGNACE
Psychologue Clinicienne et hypnothérapeute. Formatrice depuis plus de 10 ans en hypnothérapie et hypnoanalgésie auprès de soignants, elle a travaillé à l'Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur de l'Hôpital Robert Debré (Paris) pendant 6 ans. Également familiarisée à l’exercice de l’enseignement et de la formation, son expérience clinique est autant hospitalière qu’en pratique libérale où elle exerce au Vésinet (78) pour des soutiens thérapeutiques d'enfants, d'adolescents et d'adultes.
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1ère partie : hypnose pour l’enfant douloureux
Introduction ; recherches scientifiques clefs, avantages généraux de l’hypnose chez l’enfant douloureux (Chantal Wood)
Avantages de l’autohypnose et comment la proposer et suivre l’enfant (Isabelle Ignace)
Illustrations dans l’urgence et dans la durée (Thierry Moreaux)
Ce que l’hypnose modifie dans la relation entre soignant et soigné douloureux (Chantal Wood)
2ème partie: l'enfant et le monde
Déliances de l’enfance, reliances de l’adulte (Armelle Touyarot et Félix Benchimol)
Histoire de mère, histoire de bébé (Isabelle Stimec)
Double hommage à D. Stern (Luc Farcy. Stefano Colombo)
Un père raconte (Jean-Michel Hérin)
Le monstre dans la littérature fantastique (Didier Lafargue)
TOC chez l'enfant (Jean-François Marquet)
Hypnose solutionniste en pédiatrie ambulatoire (Hervé Fischer et Dominique Farges-Queraux)
De la pratique thérapeutique à l’art de vivre (Isabelle Celestin Lhopiteau)
3ème partie: l'enfant : un être de projet
L'importance de la relation en hypnothérapie avec l'enfant (Antoine Bioy, Chantal Wood))
Mon Alter Héros (Maxime Lamourette)
Pour acheter ce numéro de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves à l’unité, ou vous abonner, cliquez ici
1ère partie : hypnose pour l’enfant douloureux
Introduction ; recherches scientifiques clefs, avantages généraux de l’hypnose chez l’enfant douloureux (Chantal Wood)
Avantages de l’autohypnose et comment la proposer et suivre l’enfant (Isabelle Ignace)
Illustrations dans l’urgence et dans la durée (Thierry Moreaux)
Ce que l’hypnose modifie dans la relation entre soignant et soigné douloureux (Chantal Wood)
2ème partie: l'enfant et le monde
Déliances de l’enfance, reliances de l’adulte (Armelle Touyarot et Félix Benchimol)
Histoire de mère, histoire de bébé (Isabelle Stimec)
Double hommage à D. Stern (Luc Farcy. Stefano Colombo)
Un père raconte (Jean-Michel Hérin)
Le monstre dans la littérature fantastique (Didier Lafargue)
TOC chez l'enfant (Jean-François Marquet)
Hypnose solutionniste en pédiatrie ambulatoire (Hervé Fischer et Dominique Farges-Queraux)
De la pratique thérapeutique à l’art de vivre (Isabelle Celestin Lhopiteau)
3ème partie: l'enfant : un être de projet
L'importance de la relation en hypnothérapie avec l'enfant (Antoine Bioy, Chantal Wood))
Mon Alter Héros (Maxime Lamourette)
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Sophie TOURNOUËR
Hypnothérapeute, Thérapie EMDR, Thérapies Brèves Orientées Solution, Psychologue.
Exerce dans le Cabinet d'Hypnose, Thérapies Brèves et EMDR de Paris 11.
Chargée de Formation au CHTIP à Paris, à l’Institut Hypnotim à Marseille
Rédactrice web de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
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Hypnothérapeute, Thérapie EMDR, Thérapies Brèves Orientées Solution, Psychologue.
Exerce dans le Cabinet d'Hypnose, Thérapies Brèves et EMDR de Paris 11.
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